(Montréal) L’Administration portuaire de Montréal (APM) a officiellement lancé la saison des croisières, samedi, au Grand Quai du Port de Montréal. Pour l’occasion, le Volendam était le premier navire de croisière de la saison 2024 à arriver dans la métropole.

Rakesh Prasad, officier en chef du navire de croisière de la compagnie Holland America, se souvient des visages traumatisés de centaines d’Ukrainiens qui sont montés à bord du navire en avril 2022 au port de Rotterdam, aux Pays-Bas.

Ayant fui l’invasion russe de leur pays quelques mois auparavant, les 1500 réfugiés n’ont emporté sur le navire que ce qu’ils pouvaient transporter, souvent dans des sacs en plastique. Le navire leur a servi de domicile pendant six mois, amarré au port.

« Vous regardiez les enfants, vous pouviez sentir à quel point ils avaient peur, il n’y avait pas de bonheur », a raconté M. Prasad, debout au bord de la piscine intérieure du Volendam, amarré au port de Montréal.

Pour célébrer l’arrivée du navire, l’APM a organisé une cérémonie à bord du bateau, avec des invités parmi lesquels figuraient des diplomates de l’Ukraine et des Pays-Bas.

À quelques mètres de la piscine, vers l’entrée de la salle à manger, des membres du personnel du Volendam ont accroché un grand cadre composé de dessins d’enfants réfugiés qui vivaient sur le navire en 2022. Les dessins représentent désormais une exposition permanente sur le navire.

Regardant l’intérieur lambrissé du Volendam, Eugène Czolij, consul honoraire d’Ukraine à Montréal, a montré du doigt le cadre photo et a déclaré que les réfugiés étaient « clairement accueillis de manière très amicale ». Il a remercié les autorités néerlandaises pour leur aide.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Le capitaine du Volendam Rens Van Eerten et le consul honoraire d'Ukraine à Montréal Eugène Czolij

Désormais rempli de vacanciers, le Volendam s’était transformé en village ukrainien pendant six mois en 2022. M. Prasad a affirmé que les réfugiés se sont habitués à leur environnement. « Les familles offraient des coupes de cheveux gratuitement, de vieilles dames s’occupaient des enfants. C’est devenu une communauté, et quand est venu le temps de partir, la majorité a voulu rester », a-t-il dit.

Le capitaine du Volendam, Rens Van Eerten, a déclaré que les Pays-Bas aidaient depuis longtemps les réfugiés à fuir la guerre, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque le pays avait aidé des personnes à échapper aux nazis. Peu de temps après que la Russie a envahi l’Ukraine, a-t-il expliqué, le gouvernement néerlandais a contacté le propriétaire du Volendam, Holland America, pour lui demander de louer un navire.

« Nous en avions un de disponible. Nous avons accueilli (les réfugiés), pris soin d’eux et veillé à ce qu’ils puissent avoir une vie relativement normale à cette époque. »

Ralentissement de l’aide à l’Ukraine

Alors que les Pays-Bas se sont empressés d’apporter leur aide en avril 2022, on sent une « lassitude ukrainienne » qui s’est emparée de certains pays occidentaux, a déploré Michael Polak, consul honoraire des Pays-Bas à Montréal.

Au début de la guerre, a indiqué M. Polak, « tout le monde était déterminé à aider l’Ukraine à combattre l’agression russe ». Mais au cours des six à douze derniers mois, a-t-il ajouté, « certains alliés sont devenus un peu réticents, doutant de leurs engagements et ne voulant pas dépenser d’argent ».

« Mais le fait est que cette guerre continue et qu’elle est loin d’être résolue. »

Le 24 avril, le président américain Joe Biden a immédiatement approuvé l’envoi d’un milliard d’assistance militaire à l’Ukraine, la première tranche des quelque 61 milliards alloués à ce pays. L’ensemble comprend des capacités de défense aérienne, des obus d’artillerie, des véhicules blindés et d’autres armes pour soutenir les forces ukrainiennes dont le moral a chuté, alors que le président russe Vladimir Poutine a accumulé victoire après victoire.

Cette annonce a marqué la fin d’une longue et douloureuse bataille avec les républicains au Congrès sur l’aide urgente à l’Ukraine.

M. Czolij a affirmé que l’aide américaine avait été très utile, ajoutant qu’il pensait qu’elle aiderait l’Ukraine à gagner la guerre. Il a déclaré que les seules personnes qui sont « fatiguées » à l’égard de l’Ukraine sont celles qui ne comprennent pas que le pays ne défend pas seulement son intégrité territoriale, mais « défend l’Europe dans son ensemble ».

« Si l’Ukraine, Dieu nous en préserve, perd cette guerre, a-t-il dit, nous assisterons à une troisième guerre mondiale. »