Une vaste campagne de sensibilisation à l’intention des adeptes du vélo se prépare à Montréal, afin de les inciter à respecter davantage le Code de la sécurité routière. Le tout survient au moment où le cas d’une fillette récemment heurtée par un cycliste ayant omis de respecter les feux d’arrêt d’un autobus a provoqué une onde de choc.

Ce qu’il faut savoir

  • D’ici l’an prochain, une campagne devrait voir le jour pour sensibiliser les cyclistes à la sécurité routière.
  • Selon Vélo Québec et Piétons Québec, la croissance des infrastructures cyclables rend nécessaire plus d’éducation.
  • Le 9 mai dernier, une fillette a été happée par un cycliste ayant omis de s’arrêter aux feux clignotants d’un autobus scolaire.

Vélo Québec a récemment fait une demande au Fonds de la sécurité routière du ministère des Transports pour mener une campagne de visibilité s’adressant aux cyclistes d’ici le printemps 2025. Ce blitz de sensibilisation devrait porter globalement sur l’application de comportements propres au Code de la sécurité routière, à commencer par la priorité aux piétons.

« On ne se le cache pas : il y a des problèmes de comportement », affirme la directrice des programmes chez Vélo Québec, Magali Bebronne.

Son groupe espère pouvoir lancer cette campagne avant l’arrivée du « corridor de mobilité durable » sur l’axe Henri-Bourassa, où une antenne du Réseau express vélo (REV) verra le jour, parallèlement à un Service rapide par bus (SRB) d’ici 2027.

C’est la première fois qu’on aura une très haute densité de transport collectif avec une voie cyclable, donc ça risque d’exacerber les tensions. Ça serait dommage qu’on manque cette opportunité de bien travailler sur les mentalités.

Magali Bebronne, directrice des programmes chez Vélo Québec

Elle donne l’exemple de l’incident de la semaine dernière, lors duquel une fillette traversant la rue pour se rendre à son autobus scolaire a été heurtée par un cycliste qui avait omis de s’arrêter, sur le Plateau Mont-Royal. Heureusement, la victime se porte bien. Reste qu’il s’agit d’une infraction claire au Code de la sécurité routière qui a été dénoncée à l’unisson dans le milieu cycliste.

« C’est obligatoire pour les cyclistes de s’arrêter aux abords d’un bus scolaire depuis 2018. Et c’est encore mal connu », illustre la directrice. « Les passages piétons, on veut faire comprendre leur importance. Et toute la question des autobus urbains ou des débarcadères, c’est important de respecter la priorité piétonne. »

L’autre idée potentielle à mettre de l’avant, « ce serait d’utiliser davantage la clochette sur les vélos », ajoute Magali Brebonne. « En Ontario, c’est obligatoire et tout le monde l’utilise, alors qu’ici, il faudrait qu’on l’explique bien pour que ce ne soit pas perçu comme une agression. Ça va être un défi, c’est certain, il y a une norme sociale à changer en quelque sorte. »

Montréal appelé à en faire plus

Un regroupement de personnes aveugles et malvoyantes s’inquiète de son côté pour la sécurité de ses membres « particulièrement vulnérables » aux collisions avec des cyclistes. « Plus de voies cyclables chaque année, ça veut aussi dire plus de risques d’accident avec les piétons. Et on dirait que ce bout-là, la Ville ne s’en occupe pas », lâche l’agent de mobilisation et de défense des droits chez le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM), Yvon Provencher.

Son groupe a signé cette semaine une lettre initialement destinée à la mairesse Valérie Plante et son administration, pressant celles-ci « d’être proactives en matière d’éducation et de sensibilisation à l’égard des cyclistes ».

Les personnes aveugles et malvoyantes sont particulièrement vulnérables aux collisions avec des cyclistes, les vélos étant souvent difficiles, voire impossibles à entendre à temps pour réagir et éviter les heurts.

Yvon Provencher, du Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain

Il réclame notamment des efforts de communication plus clairs de la Ville de Montréal dans les prochaines années pour réduire le nombre de feux rouges brûlés aux intersections par des cyclistes, par exemple. « Ce n’est pas juste aux associations de travailler sur la sensibilisation. »

« Côté aménagement aussi, sur le REV Saint-Denis, sur Christophe-Colomb, ça ne fonctionne pas. La piste cyclable au même niveau que le trottoir et le quai d’embarquement, c’est très confus pour une personne malvoyante. Ce n’est tout simplement pas sécuritaire », persiste l’agent de mobilisation, qui rappelle qu’avec le vieillissement de la population, « les pathologies visuelles vont aller en augmentant ».

La directrice de Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani, estime que ces messages sont « importants à faire passer ». « On a demandé à la Ville dès l’an dernier que leur plan vélo s’accompagne d’une campagne de sensibilisation. C’est une bonne chose qu’on développe les infrastructures, mais ça va venir avec davantage de nouveaux cyclistes. Et il faut qu’on éduque ces personnes-là », note-t-elle.

Sur la question des aménagements, Mme Degani rappelle que le REV de la rue Peel est souvent cité comme un exemple « de bonnes pratiques ». « On y trouve une meilleure largeur, avec des plaques podotactiles qui permettent de signaler les dangers quand on s’apprête à traverser la piste cyclable, tant sur le quai que sur le trottoir. Ça devrait être fait partout », conclut-elle.

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on réitère qu’il est « crucial de continuer à sensibiliser tous les usagers au respect du code de la route, autant automobilistes que cyclistes ». « Nous demeurons fermement engagés à continuer d’améliorer les aménagements urbains pour les personnes à mobilité réduite partout à Montréal, en nous concentrant actuellement sur les secteurs les plus névralgiques », conclut l’attachée de presse Béatrice Saulnier-Yelle.