C'est une belle pelletée d'études que l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) a présentée hier. Comme dans : pelleter des études vers l'avant.

Ligne jaune, ligne rose, ligne orange, tramway sur la Rive-Sud, service rapide par bus dans l'Est, train vers Mascouche : tous ces dossiers seront étudiés. Les usagers auront l'impression qu'ils avancent. Mais l'effet risque de se faire attendre, car il y a un problème autant avec l'approche que l'échéancier.

En effet, l'annonce ne propose que des solutions à long terme, alors qu'il y a des besoins urgents. Et elle poursuit l'approche à la pièce, qui met les villes en compétition et mène à des blocages.

Ce n'était pourtant pas censé se dérouler ainsi. Avec l'arrivée de l'ARTM il y a un an, le développement des transports collectifs devait être dépolitisé. Cette agence, où les élus sont désormais minoritaires, devait orchestrer une vision d'ensemble pour le réseau dans le Grand Montréal.

Hélas, il faut probablement attendre la fin 2019 pour l'obtenir. Et on n'en trouve pas la trace non plus dans ce qui a été annoncé hier.

Chaque projet sera étudié de façon isolée. Un bureau de projet s'intéressera à la ligne jaune sur la Rive-Sud, et un autre à l'axe du boulevard Taschereau. Un bureau étudiera un SRB dans l'est de Montréal, tandis qu'un autre sera ouvert pour le train de l'Est. Et ainsi de suite.

On ignore comment ces différents projets s'arrimeront ensemble, ou lesquels seront prioritaires.

Il est vrai que plus d'études sont requises avant de trancher. Mais au lieu de les étudier ensemble, on les analyse à la pièce. Bref, on ne fait que reporter les arbitrages. En laissant grandir d'ici là les rivalités entre les clans adverses.

Dans l'attente, le fédéral accordera bientôt les fonds pour la phase 2 de son plan d'infrastructures. Si le Grand Montréal attend trop, il risque de passer à côté du magot.

Et à cela s'ajoute une autre urgence. Les études lancées hier n'offrent rien pour les maux de tête à venir dans la couronne nord. On prévoyait déjà que la congestion routière y augmenterait d'ici 2021*. Et elle s'aggravera encore plus à cause des travaux du REM, qui exigeront la fermeture temporaire du tronçon Du Ruisseau-Montréal de la ligne du train de banlieue de Deux-Montagnes.

En avril dernier, les maires de Laval et de la couronne nord s'étaient ligués pour demander une liste de projets. Elle comprenait des interventions à court terme, comme des voies réservées sur les autoroutes 13, 15, 440 et 640. Seule la voie sur la 15 a été retenue par le gouvernement Couillard et l'ARTM. Et encore là, on ignore quand les travaux commenceront.

Dans sa politique de la mobilité durable présentée le printemps dernier, le gouvernement Couillard proposait de faire des projets de transports collectifs « la nouvelle baie James » de notre siècle. On ne peut que saluer cette ambition. Même si tous les projets à l'étude ne pourront pas être construits rapidement, il n'y a rien de mal à avoir de l'ambition, à rêver. Mais pour se concrétiser, les rêves ont besoin d'un minimum de planification. Et dans ce cas, il manque aussi un plan pour le cauchemar à venir durant la construction du REM.

* Selon une étude commandée par la Société de transport de Laval.

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