Après deux années tumultueuses en éducation, la rentrée scolaire qui se déroule ces jours-ci dans un climat relativement serein est un baume salutaire. Espérons qu'il perdure.

Au quotidien, la réalité des écoles n'a pourtant pas changé, à la différence que le milieu de l'éducation semble (enfin) avoir trouvé une oreille attentive. Cette écoute doit maintenant se concrétiser en résultats.

Il faut saluer la volonté du ministre Sébastien Proulx de rebâtir les ponts avec les écoles.

Après un ministre (François Blais) dont les sorties dans les écoles ont été rarissimes au point de faire les nouvelles et un autre (Yves Bolduc) qui a multiplié les déclarations malheureuses au point de paraître déconnecté du milieu, l'enthousiasme de M. Proulx est apprécié.

Le gouvernement Couillard tente de changer les perceptions, lui qui a souvent donné l'impression que l'éducation n'était pas une priorité. Les coupes aveugles dans certains services aux élèves en sont devenues l'illustre exemple. Le ministre Proulx n'aura pas besoin d'en faire beaucoup, dans les circonstances, pour donner l'impression d'agir.

Et les signes qu'il envoie, même les plus subtils, ont leur importance. On sent qu'il perçoit la nécessité de tisser des liens entre la petite enfance et l'école, et de faire du dépistage précoce. Il se montre soucieux d'entendre les enseignants dans leur réalité et non pas seulement par la voix de leurs syndicats.

Ces jours-ci, il procède à de nombreuses annonces d'agrandissement et de rénovation pour des écoles pleines à craquer ou souffrant d'un tel déficit d'entretien que les moisissures nuisent à la qualité de l'air.

En soi, ces annonces ne sont pas étonnantes. Vu la vétusté des lieux, de nouveaux investissements dans les infrastructures scolaires sont faits chaque année. À la différence que cette fois, le budget est plus important et la période choisie est stratégique : y a-t-il meilleur moment que la rentrée scolaire pour montrer aux parents, aux enseignants et aux directions d'école que le gouvernement est conscient de l'importance d'un milieu sain pour favoriser la réussite scolaire des enfants ?

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Après avoir relégué aux oubliettes le projet de loi 86, critiqué dès le départ parce qu'il mettait trop d'accent sur les structures, le gouvernement a présenté un nouveau projet de loi qui vise notamment à simplifier la reddition de comptes. Il promet aussi une politique sur la réussite scolaire pour le printemps prochain.

M. Proulx mènera cet automne une vaste consultation avec le milieu pour jeter les bases de cette future politique. Une démarche essentielle, ne serait-ce que parce qu'elle est réclamée de longue date. Il faudra toutefois calmer les ardeurs et cibler quelques priorités... prioritaires.

Le ministre a mis plusieurs idées sur la table, du dépistage précoce à l'apprentissage de la lecture, de la maternelle 4 ans obligatoire à la création d'un Institut d'excellence en éducation pour mettre de l'avant les meilleures pratiques, et de la formation continue à l'autonomie des enseignants, sans oublier le financement et le soutien pour les élèves en difficulté.

Ces derniers représentent un jeune sur cinq. C'est énorme. Et ils sont trois fois moins nombreux que l'ensemble des élèves à obtenir leur diplôme d'études secondaires. Ils doivent faire partie de la solution si on veut améliorer la réussite scolaire.

Le ministre devra manoeuvrer habilement, car la confiance est fragile. Se contenter de brasser une soupe de propositions réchauffées ne suffira pas.

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