Le gouvernement Couillard continue d'être passablement occupé à ne pas agir avec Uber.

Certes, le nouveau ministre des Transports, Jacques Daoust, n'a prêté serment qu'en janvier, et la commission parlementaire sur le taxi s'est terminée il y a seulement six semaines. Mais cela fait près de deux ans que le gouvernement libéral a rencontré Uber pour la première fois. Près de deux ans à laisser des chauffeurs d'UberX travailler sans permis, sans qu'on prenne tous les moyens requis pour s'assurer qu'ils payent la TPS et la TVQ.

Où en sommes-nous rendus ? Quelque part entre le « mode écoute » et le « mode solution ». Bref, dans le désert décisionnel. Là où « aucune inaction n'est prise », pour citer l'ex-député Norman MacMillan.

M. Daoust souhaitait déposer son projet de loi d'ici la fin du mois de mars. Il veut maintenant le faire avant le 15 mai. On ne peut aller plus loin. En vertu du règlement de l'Assemblée nationale, il s'agit de la date limite pour pouvoir faire adopter la loi avant la relâche estivale.

On comprend que le dossier n'est pas simple. Qu'il faut s'assurer de déposer la meilleure loi. Mais la rigueur ne peut plus servir à excuser la turpitude.

L'été s'annonce bordélique. Pendant que les autorités continuent de saisir les véhicules des chauffeurs d'Uber, l'industrie du taxi menace désormais de violer la loi. Et les causes continuent de s'empiler devant les tribunaux, alors qu'on attend qu'un juge tranche sur l'illégalité du prétendu « covoiturage commercial » d'Uber.

À moins de vouloir que le conflit se règle à coups de fourche, Québec doit accoucher dès que possible de son projet de loi.

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Québec n'a pas à s'adapter à Uber. C'est le contraire. Mais cela ne signifie pas qu'on doive bêtement se plier aux demandes du lobby du taxi.

Le problème réside en partie dans le vétuste système de quotas de permis. Or, Québec ne peut l'abolir d'un trait, car cela équivaudrait à exproprier les chauffeurs propriétaires de leur actif.

Si on veut sortir de ce système, il faudra racheter à moyen terme ces permis. Comment le financer ?

Une étrange idée a circulé : celle de louer des banques d'heures aux chauffeurs d'Uber. Or, ce serait très lourd à gérer. Pas facile en effet de vérifier si un chauffeur a travaillé deux heures au lieu de trois...

L'industrie du taxi croule déjà sous une règlementation lourde et infantilisante. Il n'est pas nécessaire de contribuer au problème.

Il serait plus simple de louer des permis, ou tout simplement d'imposer une taxe pour chaque trajet, comme le font de nombreuses villes.

Le nouveau système devra rétablir la concurrence équitable. Que cela plaise ou non à Uber.

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