Le gouvernement Couillard ne touche pas aux services aux élèves. Hélas ! il fait bien pire. Il délègue ce boulot ingrat aux commissions scolaires et à d'autres groupes qui ont intérêt à noircir l'impact de compressions déjà nocives.

Le dernier budget libéral a asséché le financement en éducation sans régler la gouvernance. Il y a donc des compressions, et elles sont gérées par un réseau dysfonctionnel. Pour gâcher la rentrée, c'est un plan assez optimal.

Certes, le ministre de l'Éducation François Blais a franchi un pas encourageant hier. Il a renoncé aux fusions forcées des commissions scolaires, dont les hypothétiques économies risquaient de se transformer en coûts, comme ce fut le cas à la fin des années 90. Une année a ainsi été perdue... Ce n'est pas le nombre de commissions qui pose problème, mais plutôt leur gouvernance. M. Blais déposera bientôt un projet de loi pour s'y attaquer. Souhaitons qu'il décentralise les décisions, en s'assurant que la reddition de comptes soit maintenue.

Ces réformes n'entreront toutefois pas en vigueur cette année. En attendant, la rentrée se fait sous le signe des ciseaux. Le dernier budget libéral prévoit en effet une famélique hausse de 0,2 % des dépenses en éducation. Avec l'inflation des coûts, cela ne suffit pas à maintenir les services.

Contrairement à ce que prétendaient les libéraux, des compressions en résultent inévitablement. Mais quelle en est l'ampleur ? Difficile à évaluer, car les commissions scolaires se battaient depuis plusieurs mois pour leur survie. Elles avaient donc intérêt à prétendre qu'il ne restait plus de gras chez elles et que toute baisse de leur budget se traduisait par une baisse égale dans les services.

Mais une chose est certaine, le dernier budget a bel et bien fait mal. Même les commissions scolaires bien gérées ont dû réduire les services. Par exemple, la Commission scolaire des Patriotes a remplacé l'aide aux devoirs, offerte à tous, par une « récupération » pour les élèves en difficulté. C'était la compression la moins nocive pour les jeunes, a conclu un rapport indépendant dévoilé hier par La Presse.

Tout le monde répète que l'éducation est une priorité prioritaire. Il faudrait toutefois agir en conséquence.

Plusieurs études ont démontré comment protéger l'égalité des chances. On doit intervenir dès la maternelle ou le primaire auprès des élèves défavorisés ou en difficulté d'apprentissage. Près d'un enfant sur trois éprouve déjà de telles difficultés avant même de commencer le primaire. Ils risquent de s'ajouter aux 53 % des Québécois qui souffrent d'un problème léger ou aigu de littératie - ce qui nous classe 19e sur 22 pays, selon l'OCDE.

Pour faire ce travail, deux choses sont nécessaires. La première : des professionnels (orthopédagogues, psychoéducateurs, etc.). Or, des postes ont été ou seront abolis. La seconde : des mesures adaptées. Par exemple, comme l'a reconnu le ministre Blais, il est normal que le ratio d'élèves par professeur fluctue. Le ratio peut augmenter dans des milieux favorisés, tandis que dans d'autres, il faut resserrer l'encadrement. L'aide aux devoirs peut aussi varier selon les milieux. Cela exigera un tact qui se perd parfois dans les commissions scolaires ou dans les hauteurs de la tour du ministère de l'Éducation.

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