Un signe négatif a été changé en positif, mais on reste dans les virgules. Comme le présageaient déjà les observateurs, le petit déficit prévu de 2 milliards pour 2014-2015 s'est transformé en surplus. Mais la somme ne correspond qu'à 0,1 % de la taille de notre économie.

Les célébrations des conservateurs sonnent donc un peu faux, d'autant plus qu'ils avaient baissé les attentes afin de mieux crier victoire au milieu de la campagne.

La modestie serait de meilleur goût, car ce surplus s'explique majoritairement par les entrées fiscales plus grandes qu'anticipé. Certes, les conservateurs ont eux aussi contribué au surplus, en reportant des dépenses budgétées. Lesquelles ? Pour le savoir, il faudra attendre le dépôt des comptes publics, après l'élection. Si on n'a pas dépensé les sommes promises, par exemple pour des équipements en défense, ce serait alors moins un gain d'efficience qu'une promesse brisée.

***

Ce surplus ne change rien à l'avenir. Les prochains budgets ne seront pas affectés par cette mini-augmentation des revenus. La tendance va plutôt dans le sens contraire. Sous les conservateurs, le ratio des revenus par rapport au PIB a diminué. Il est à son plus bas depuis un demi-siècle, en partie à cause de la baisse du fardeau fiscal.

Deux autres tendances lourdes s'observent. La première, c'est la baisse de la dette fédérale. Elle est déjà la plus faible du G7 et elle continuera de diminuer, même avec le plan libéral qui doublerait les investissements en infrastructures.

Malgré tout, le plan de Justin Trudeau paraît trop éparpillé. Nous ne traversons pas une crise nécessitant un électrochoc pour stimuler la consommation. Le défi réside plutôt dans l'exportation et la productivité.

Si on investit plus dans les infrastructures, ce devrait être une fin en soi, par exemple pour développer les transports en commun et décongestionner les villes. Mais pour cela, il faudrait mieux choisir les projets.

La définition libérale, qui engloberait des infrastructures non essentielles comme des centres communautaires, paraît trop large.

De leur côté, les néo-démocrates multiplient les promesses en santé et en éducation. Plus de retenue serait souhaitable de leur part en raison d'une dernière tendance lourde : alors que la dette fédérale diminue, celle des provinces grimpe avec le vieillissement de la population qui gonfle les coûts en santé.

Dans ce contexte, il serait préférable à moyen ou à long terme que le fédéral libère de l'espace fiscal pour les provinces. Au lieu de demander des hausses massives des transferts en santé, les électeurs de chaque province choisiraient la générosité de leurs programmes sociaux.

Ce serait plus transparent et efficace. Mais c'est bien sûr moins vendeur que de saupoudrer des promesses à des provinces qui ont de plus en plus faim.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion