Dans son dernier rapport annuel, la STM se félicite d'avoir « su préserver son achalandage ». La fréquentation a augmenté d'un famélique 0,2 % en 2014, et on n'espère que 0,4 % cette année.

Pourtant, la part des déplacements en transports collectifs devra bondir pour améliorer la qualité de vie, atteindre les cibles de réduction de gaz à effet de serre et décongestionner le transport de personnes et marchandises.

Le non-recul de la STM constitue donc plus un échec qu'une victoire. Mais elle n'est pas à blâmer. Au contraire, elle est victime du sous-financement et de la gouvernance dysfonctionnelle du réseau.

Le ministre des Transports, Robert Poëti, répète qu'avant de verser plus d'argent, il faut s'assurer que les sommes prévues soient bien dépensées, ou qu'elles soient dépensées tout court. Il n'a pas tort. Près de 60 % de l'argent budgété par Québec n'arrive jamais à destination, à cause du capharnaüm administratif qui fait avorter les projets.

Il y a toutefois un hic : ce sont les règles de Québec qui créent le blocage. Par exemple, le projet de service rapide par bus sur Pie-IX nécessitait l'accord de Montréal, Laval ainsi que de leurs sociétés de transport et arrondissements concernés. Et à chaque modification, il fallait réobtenir l'accord de tous...

C'est donc au ministre de régler ce problème. Heureusement, son très attendu projet de loi doit être déposé cet automne, et les premiers signaux sont encourageants.

Pour la gouvernance, le ministre remplacerait l'AMT par une nouvelle agence responsable de la planification du réseau dans le grand Montréal. Elle devrait toutefois être composée d'une majorité d'experts indépendants, afin d'éviter que chaque maire tire la couverture de son côté.

Pour le financement, M. Poëti reconnaît le déficit d'entretien du réseau. Mais encore là, si le problème est dans les villes, la solution se trouve à Québec. Le système actuel décourage en effet la réfection, car elle n'est remboursée qu'à 75%, contrairement à 100% pour l'ajout de services. Cela se traduit aujourd'hui par d'énormes factures. Par exemple, pour les trois prochaines années, la STM devrait dépenser près de 3 milliards en entretien.

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Plusieurs autres incitatifs pervers devraient être corrigés. Les automobilistes pestent contre leur facture d'essence ou d'immatriculation, mais ils profitent sans le savoir d'une aubaine, car ces factures ne suffissent pas à payer pour leur pollution.

La solution réside dans l'écofiscalité. Les propositions de la Communauté métropolitaine de Montréal à cet égard sont fort raisonnables. Elle souhaite hausser la facture d'immatriculation et la surtaxe sur l'essence, qui passerait de 3 à 5 cents d'ici quatre ans. Cette enveloppe financerait le développement du réseau.

Il faut appâter les automobilistes en leur offrant un meilleur service en métro, train ou autobus, et en facilitant le covoiturage. Car aucune politique ne devrait dépendre du sacrifice de soi.

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