A priori, le dernier rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF), qui porte sur l'évolution des océans, a tout pour secouer les consciences.

Le directeur général de l'organisation, Marco Lambertini, prévient en préambule du document que les réserves marines sont en train d'être dévastées. Et que cette évolution est lourde de conséquences pour des millions de personnes qui en dépendent pour leur sécurité alimentaire ou leur emploi.

En moins de 50 ans, dit-il, les populations d'espèces vertébrées comme les requins ou les tortues ont fondu de moitié. La baisse est encore plus marquée pour plusieurs espèces essentielles à l'industrie de la pêche.

La surpêche, la dégradation d'habitats marins, la pollution de l'eau et la hausse des températures découlant du réchauffement climatique sont autant de facteurs qui contribuent à cette détérioration.

« La situation est plus claire que jamais : l'humanité, par sa mauvaise gestion, est collectivement en train de mener les océans au seuil de l'effondrement », résume M. Lambertini.

Un précédent rapport du WWF, paru l'année dernière, relevait dans la même veine que les populations d'espèces terrestres ont chuté de près de 40 % entre 1970 et 2010, là encore largement en raison de facteurs humains.

« Notre mode de vie épuise la Terre et nous devons impérativement agir avant de léguer une planète dévastée à nos enfants », résumait alors l'organisation.

Malgré la gravité de la situation qu'ils mettent en relief, ces cris d'alarme sont passés largement sous le radar tant dans les médias que le monde politique.

Cette relative indifférence fait le jeu des tenants du statu quo et risque, notamment, de déboucher sur une nouvelle impasse lors la conférence des Nations unies sur le climat qui se tiendra en décembre à Paris.

Un chercheur de Cambridge, Chris Hope, a analysé en juin les récents engagements des États-Unis, de la Chine et des pays européens en matière de réduction de gaz à effet de serre pour arriver à la conclusion que leur portée globale est bien trop timide.

Il estime que ces engagements donnent une chance sur cent de limiter le réchauffement d'ici 2100 sous le seuil critique de deux degrés Celsius.

Le Canada, sous la gouverne du Parti conservateur, n'aide en rien la situation en refusant d'entériner des objectifs ambitieux dans ce domaine.

Lors du dernier sommet du G7, le premier ministre Stephen Harper s'est rallié du bout des lèvres à l'idée qu'il fallait cesser d'utiliser des énergies fossiles d'ici la fin du siècle, une promesse à très long terme qui ne prête guère à conséquence dans l'immédiat.

Les réticences de son parti à revoir en profondeur l'exploitation de ces ressources compliquent la recherche de solutions collectives à la crise.

L'importance de la catastrophe environnementale annoncée devrait évidemment en faire un élément central de la campagne électorale en cours, mais il semble que des enjeux secondaires comme celui du port du niqab sont jugés plus importants.

Au public d'exiger que les élus mettent l'accent sur l'essentiel et livrent leurs propositions pour rectifier le tir avant qu'il ne soit trop tard.

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