Le réputé couturier Denis Gagnon déménagera cet automne son atelier et sa boutique du Vieux-Montréal à L'Arsenal, le centre d'art contemporain et emblème culturel de Griffintown, pouvait-on lire cette semaine dans Montreal Gazette. Depuis quelques mois, ce quartier a véritablement le vent dans les voiles.

On y retrouve un district déco et design, à l'angle des rues Peel et Wellington. Des douzaines de nouveaux restaurants, bars, cafés et boutiques. Sans mentionner son boom immobilier, avec une vingtaine de projets de tours à condos, planifiés ou presque terminés, comme en témoignent les nombreux chantiers de construction et grues visibles dans le quartier.

Niché entre le Vieux-Montréal et la Petite-Bourgogne, en marge du centre-ville, enclavé par des autoroutes, chemins de fer et le canal de Lachine, le secteur est souvent qualifié de nouveau Plateau-Mont-Royal. C'est-à-dire un quartier tendance, avec une population, jeune, dense, variée et en forte croissance.

UNE HISTOIRE IRLANDAISE

Tel le Phénix, Griffintown renaît toujours de ses cendres.

Ancien quartier ouvrier irlandais, Griffintown comptait 45 000 habitants en 1847. Frappé par une épidémie de typhoïde suivie d'un incendie dévastateur, le territoire connaîtra ensuite un lent et constant déclin, cristallisé par la Grande Dépression des années 30.

En 1963, le maire Jean Drapeau transforme le secteur en zone industrielle. Les usines et manufactures remplacent les maisons abandonnées. Le quartier est déserté par la population. En 1971, on recense quelque 800 résidants. Ce nombre est passé à 6446 personnes, lors du recensement de 2011 ; un chiffre qui pourrait bien doubler d'ici le prochain recensement.

SOUS HAUTE SURVEILLANCE

Voilà donc un immense défi urbanistique pour la Ville et l'arrondissement du Sud-Ouest. Entre innovation et conservation, le développement de Griffintown est sous haute surveillance. Depuis 10 ans, l'arrivée intéressée de gros promoteurs immobiliers inquiète les défenseurs du patrimoine urbain. Ceux-ci craignent qu'ils transforment le quartier en un « condoville » sans âme et sans histoire. Or, ce quartier était pratiquement mort il y a 15 ans.

Après avoir erré dans ses plans pour le quartier, la Ville a corrigé le tir et tenu compte des consultations publiques. En 2011, elle a soumis un Programme particulier d'urbanisme moins calqué sur la vision mercantile des promoteurs. Comme ajouter des parcs, des écoles, des axes piétonniers et autres espaces publics. Par ailleurs, le promoteur Devinco a abandonné son projet de construire un gros centre commercial, un DIX30 montréalais, au bassin Peel.

On souhaite désormais qu'une forme d'autorégulation du développement se fasse au cours des prochaines années, en tenant compte du marché autant que de la réalité montréalaise. Montréal n'est pas Shanghai.

L'avenir nous dira si la renaissance de Griffintown est une valeur ajoutée pour Montréal. Pour le moment, on a plusieurs raisons d'y croire.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion