Denis Coderre était un maire flamboyant. Il était à la tête d'une métropole, pas juste d'une ville. Il était plus autoritaire qu'à l'écoute. Il était prêt à se battre pour grappiller chaque centimètre de pouvoir supplémentaire. Il pensait « gros » pour Montréal et avait peu d'intérêt pour l'aménagement urbain, les transports en commun, les arrondissements. Valérie Plante, c'est l'inverse.

La mairesse Plante, en fait, est exactement, précisément, totalement l'inverse de ce qu'était le maire Coderre. Et elle a profité de la rencontre éditoriale d'une bonne heure et demie à La Presse, hier, pour résumer sa méthode comme jamais elle ne l'avait fait auparavant.

« Ne pas être toujours en mode réaction, a-t-elle dit, ce n'est pas être effacé, c'est être responsable. C'est ne pas sentir le besoin d'être toujours la personne qui parle le plus haut, le plus fort, qui prend les devants tout le temps. Je ne ressens absolument pas le besoin d'être sur le devant de la scène. »

Elle préfère, dit-elle, « être derrière son bureau » et soigner les projets avant de les piloter. 

Elle préfère contourner les obstacles plutôt que les démolir au marteau piqueur. Elle préfère les transports collectifs à l'auto. Elle préfère de multiples petits projets de quartier à une approche « think big ».

Il y a beaucoup de bon là-dedans, surtout quand on se rappelle le nombre élevé de politiques et de projets brouillons pilotés par le maire précédent, de la Formule électrique à la promenade fleuve-montagne, en passant par le square Viger, la gestion des calèches et l'heure de fermeture des bars.

L'administration Plante veut éviter la précipitation et les approximations. Elle veut éviter de prioriser les gros projets (sauf en transports en commun) aux dépens des mesures qui améliorent la qualité de vie. Elle veut éviter les cris et les coups de poing sur la table pour leur préférer l'écoute et la collaboration.

C'est très bien ! Mais elle devra veiller à ce que cette allergie au « gros » ne confine pas Montréal au « petit ». La métropole est l'addition de ses quartiers, mais elle n'est pas que ça.

Elle devra veiller à ce que l'envergure ne soit pas limitée aux seuls projets de transports en commun. Montréal doit aussi rayonner par ses réalisations de calibre international, sa créativité à grande échelle, le dynamisme de son économie et l'attrait de son centre-ville.

Et elle devra, finalement, veiller à ce que son aversion pour la flamboyance ne fasse d'elle une mairesse effacée et invisible. Il est inquiétant, par exemple, que Valérie Plante ait trouvé normal de ne pas être consultée par Québec lors du choix du directeur par intérim de la police. Inquiétant aussi qu'elle n'ait pas réagi pour calmer le jeu après la fausse nouvelle sur la mosquée de Côte-des-Neiges, qui aurait pu dégénérer.

Les Montréalais ont voté pour le changement le mois dernier, et c'est précisément ce qu'ils auront. Un changement de priorités, mais aussi de ton, de style et d'approche. C'est un virage à 180 degrés que vient de faire la métropole.

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