Le remaniement ministériel dévoilé cette semaine s'adresse aux jeunes familles, on l'a dit et redit. Mais une lecture attentive du discours qui l'accompagnait montre que l'annonce était dirigée vers une clientèle encore plus ciblée : les jeunes-familles-de-la-banlieue-coincées-dans-le-trafic-qui-payent-trop-d'impôts...

Voilà le prochain champ de bataille électoral. Voilà pourquoi le premier ministre s'est senti obligé de rajeunir le Conseil des ministres. Et voilà pourquoi soudainement, il propose des solutions simplistes à des enjeux complexes...

Il faut maintenant « favoriser la vie des familles » et leur « donner de l'oxygène », s'est justifié Philippe Couillard dans un discours où le mot famille est répété 16 fois. Il faut que « les politiques évoluent pour refléter la réalité vécue par les familles. Parce que le quotidien des familles est semé d'embûches ».

Curieuse formulation pour un gouvernement qui n'a pas brillé par sa défense des parents de la classe moyenne jusqu'ici.

Il a été indifférent à la qualité des garderies. Il a abandonné les programmes d'accès à la propriété à Montréal et à Québec trois mois après les élections de 2014. Il a mis de l'avant des politiques d'austérité sans s'assurer de protéger le système d'éducation. Il a noyé les services pédiatriques de Sainte-Justine dans l'immense CHUM.

Bien beau de vouloir « faciliter la vie des familles », comme l'a répété M. Couillard, mais il se faire tard dans le mandat pour commencer à y penser...

Cela saute d'ailleurs aux yeux quand on s'attarde à la nature des trois solutions avancées mercredi par le premier ministre.

Il a répété trois fois qu'il entendait « réduire le fardeau fiscal des familles »... sans dire comment.

Il a annoncé la création d'un comité ministériel sur la conciliation travail-famille-études qui devra... déposer des recommandations.

Et surtout, il a dit qu'il voulait « faire avancer des projets importants pour la population »... en se contentant de nommer des bouts de routes qui serviront à diminuer (soi-disant) la congestion.

Exit les projets de transports en commun nommés dans le dernier budget ; le premier ministre a plutôt cité l'autoroute 19 dans la couronne nord de Montréal, l'autoroute 50 en Outaouais, la 138 sur la Côte-Nord, le pont du Saguenay et même le troisième lien entre Québec et la Rive-Sud !

Difficile d'être plus clientéliste à un an d'élections qui favorisent la CAQ. Difficile de répondre de manière plus primaire à des enjeux pour lesquels on n'a manifestement pas assez réfléchi ces dernières années.

C'est vrai que les parents de la génération X qui habitent le 450 et le 418 ont l'impression de ne pas profiter de la croissance de l'économie. Vrai qu'ils voient le prix des maisons augmenter, mais pas leur salaire. Qu'ils trouvent fâchant de payer pour un système d'éducation publique qui les incite à aller au privé. Qu'ils se demandent pourquoi ils payent tant d'impôts sans qu'aucun gouvernement n'ait réussi à diminuer l'attente dans les hôpitaux.

Mais il ne suffit pas de rajeunir le gouvernement pendant 12 mois pour répondre à ces enjeux, plus complexes qu'il n'y paraît. Il ne suffit pas non plus de placer de jeunes parents au Conseil des ministres pour que soudainement, la vie des jeunes parents du Québec s'en voie facilitée.

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