Pour qu'un quartier soit agréable et apprécié, pas sorcier, il faut quelques éléments-clés. Du monde. Du vert. Des trottoirs. Des espaces publics. De l'architecture de qualité. Et comme point focal, une artère commerciale dynamique.

Mais pour que la recette lève, il y a un ingrédient secret à ajouter à cette courte liste : la propreté.

Le quartier le mieux conçu aura un effet repoussoir s'il est sale.

Le quartier le plus populeux aura l'air lugubre s'il est couvert de graffitis. Le quartier le plus vert ressemblera à une poubelle si des détritus traînent partout.

Or s'il y a une chose qui manque dans bien des quartiers de la métropole, c'est justement la propreté. Vous nous l'avez dit à répétition dans l'abondant courrier envoyé à la suite de notre appel à tous. Et si vous demandez aux touristes de passage ce qu'ils pensent de Montréal, ils vous le diront eux aussi, comme ils le disent régulièrement aux sondeurs : la ville est bien belle... mais plutôt sale.

Et pourtant, ce n'est pas parce que les arrondissements ne font pas leur travail ou que la ville-centre a baissé les bras. Ils pourraient en faire plus, entendons-nous, mais d'année en année, des dizaines de millions sont dépensés, des brigades sont embauchées, des amendes sont données, des corvées sont organisées...

Se pourrait-il que les citoyens aient, individuellement, leur part de responsabilité eux aussi ? Se pourrait-il qu'ils abandonnent carrément cette tâche à la Ville, ne prenant pas le temps de ramasser les déchets, voire de se ramasser ? Se disent-ils qu'ils payent assez d'impôt pour ne pas faire le travail à la place des cols bleus ? Ou y aurait-il carrément... une spécificité culturelle ?

La question est dure, mais avouons-le, elle nous vient spontanément à l'esprit quand on visite certaines villes d'Europe, d'Asie et du Canada anglais : non seulement les rues des métropoles sont-elles propres, on y croise aussi bien plus de citoyens avec un balai en main. On y croise moins de poubelles entourées de déchets. On y voit moins de montagnes improvisées d'ordures.

À Montréal au contraire, on a parfois l'impression que les marcheurs jettent leurs détritus à terre s'ils ne voient pas de poubelle au moment où le besoin se présente. On voit des sacs de déjections canines un peu partout, comme si le fait d'être emballé rendait ce déchet moins sale. On croise des débris de construction dans les ruelles ainsi transformées en écocentres de fortune.

On voit partout des mégots, comme si les fumeurs pensaient que leur petite taille les rendait invisibles.

Toutes ces petites habitudes s'accumulent, bien sûr. Et on peut bien en demander toujours plus à l'administration municipale, elle ne peut quand même pas ramasser les détritus avant qu'ils ne touchent le sol ! Elle ne peut nettoyer les rues, ruelles et trottoirs au moment précis où on les souille de déchets.

Voilà pourquoi la Ville a lancé une campagne de sensibilisation pas piquée des vers, l'an dernier, en installant d'immenses déjections canines sur des abribus, avec des slogans du genre : « Tes déchets, ça paraît », « Ton caca de chien, ce n'est pas rien ».

Un peu scatologique... mais il faut ce qu'il faut pour sensibiliser les plus récalcitrants. Il faut y aller fort pour mettre fin aux petites incivilités, ou mieux encore, pour inciter les citoyens à s'impliquer au quotidien, à ramasser les petits déchets, à sortir le balai, à nettoyer leur bout de trottoir.

La Ville et les arrondissements ont leur responsabilité dans la propreté des quartiers, mais on l'oublie trop souvent, les citoyens aussi.

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