Message aux cyclistes en ce retour du beau temps et des BIXI: gare à vous, car le Code de la sécurité routière n'est pas de votre bord...

Poussiéreux, réformé à l'époque du siège banane, le «Code de la route» contient bon nombre d'articles qui peuvent être retenus contre vous si d'aventure un policier vous prenait en grippe.

Attention, donc, de bien «circuler assis sur le siège en tout temps». De rouler sur une bicyclette «munie du numéro d'identification apposé par le fabricant». D'arborer des réflecteurs jaunes sous vos pieds même s'il faut les faire tenir sur vos pédales automatiques avec de la colle.

Attention de vous «immobiliser» devant un panneau d'arrêt. De mettre le pied à terre pour montrer que vous êtes bien immobilisés. De ne pas emprunter le trottoir même s'il vous faut rouler sur une rue dangereuse, parsemée de trous, passant sous un viaduc noir, en compagnie de voitures qui ne s'attendent pas à vous voir là...

Bon, si vous êtes chanceux, vous croiserez un policier magnanime, car le SPVM n'applique pas «à la lettre» toutes ces règles et le maire ne veut pas faire de chasse aux cyclistes. Mais vous pourriez aussi faire face à un policier zélé, comme on l'a vu l'an dernier avec les «trappes à tickets», car ne l'oubliez pas, le Code n'est pas de votre bord...

Le problème, c'est que ce dernier a été conçu pour encadrer la circulation des véhicules à moteur, dans toute la province, à la campagne comme à la ville. Les cyclistes n'y sont que par défaut, ou presque, ce qui revient à institutionnaliser la loi de la jungle: la victoire du plus gros sur le plus petit.

Le débat récent entourant l'«emportiérage» en est une preuve flagrante. Néologisme traduisant le mot «dooring», il s'agit de l'incident qui survient lorsqu'un automobiliste ouvre sa portière sans regarder, fauchant le cycliste qui longe les autos stationnées.

Loin d'être marginal, l'emportiérage a officiellement envoyé 105 cyclistes à l'hôpital l'an dernier, mais probablement bien plus dans les faits. Deux cyclistes en sont morts, poussés sous les roues d'un véhicule par une portière intempestive.

L'amende, selon le Code, pour quiconque ouvre sa portière sans regarder: 30$.

Voilà un exemple de ce à quoi faisaient référence les coroners Brochu et Tessier, l'an dernier, lorsqu'ils se désolaient de la «vétusté» du Code la route. «Certaines dispositions ne tiennent pas compte de la réalité de 2013, écrivaient-ils dans leurs rapports. Elles sont irréalistes et ne protègent pas vraiment les cyclistes.»

Dans la liste des priorités du futur ministre des Transports, une refonte du Code s'impose donc, surtout qu'un comité mis sur pied par la SAAQ ces derniers mois y a déjà travaillé.

En fait, ce n'est rien de moins qu'un nouveau paradigme qu'on devrait appliquer en milieu urbain, comme le propose Projet Montréal: l'obligation de prudence du plus fort vis-à-vis du plus faible.

En attendant que l'évidence soit érigée en loi, chers cyclistes, n'oubliez pas de rester bien assis sur votre selle. En tout temps.

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