Une tradition centenaire disparaîtra à New York avec l'interdiction prochaine des calèches dans les rues de la ville. Les défenseurs des animaux applaudissent et espèrent que cette décision fera boule de neige ailleurs dans le monde, notamment à Montréal où une manifestation est prévue aujourd'hui.

Espérons que le maire Coderre saura éviter le piège idéologique dans lequel est tombé son homologue de New York...

La lutte que mènent les organisations de protection des animaux contre les calèches est en effet dictée par des considérations qui échappent trop souvent à la raison. S'il y a eu dans le passé des cas de maltraitance, s'il est possible de sortir à l'occasion des exemples de traitement inadéquat, force est de constater que les chevaux urbains ont aujourd'hui droit à un encadrement serré.

C'est le cas à New York, où les représentants des cochers ont su répondre point par point aux arguments de leurs détracteurs en démontrant les preuves de leur bonne conduite, de la santé des chevaux et de la qualité des soins prodigués. En vain.

C'est le cas à Montréal, où les modifications réglementaires des dernières années ont beaucoup amélioré le bien-être des chevaux et la qualité du service offert. Plus question de laisser un cheval s'échiner 10 heures par jour et travailler à plus de 30 degrés.

Ont-ils néanmoins une dure vie à battre le pavé? Pas évident. La meilleure façon de tuer un cheval est de l'obliger à ne rien faire. On ne parle pas ici de purs sangs qui autrement gagneraient des courses à l'hippodrome...

«Comme les cochers, les chevaux qui échouent à Griffintown traînent plusieurs vies derrière eux», souligne avec raison l'écrivaine et ancienne cochère Marie Hélène Poitras dans son superbe roman Griffintown.

Y a-t-il néanmoins des améliorations à apporter au traitement des chevaux? Oui. Et c'est ce à quoi s'attèlera l'arrondissement de Ville-Marie dans les prochaines semaines. Un comité regroupant notamment des vétérinaires et des inspecteurs proposera une refonte du règlement sur les «véhicules hippomobiles».

Voilà une avenue plus raisonnable: encadrer, voire contribuer à développer cette industrie (voir le blogue Quel avenir pour Montréal? à ce sujet) qui a toujours sa place dans l'offre touristique de Montréal plutôt que de la chasser parce qu'elle dérange une poignée de militants.

On peut bien trouver ces calèches kitsch, elles renforcent l'image européenne du Vieux-Montréal. Les chevaux, en outre, font partie de la longue histoire de la métropole, ayant tiré des taxis et des tramways, ayant transporté du lait et de la glace, ayant servi à déblayer la neige et à charrier les réservoirs des pompiers.

Les animaux ont presque disparu du paysage urbain, qui s'uniformise avec le temps. L'auto ayant déjà chassé le cheval une première fois, lui permettra-t-on de le faire une seconde fois? Et va-t-on sauver le Horse Palace pour mieux renvoyer les chevaux au musée?

Au contraire, il faut préserver ce rare vestige du passé, voire le mettre davantage en valeur.

Consultez le billet  Il faut plus de chevaux à Montréal, pas moins... sur le blogue de François Cardinal.

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