Malgré ses problèmes, on ne peut pas dire que Montréal va mal. Elle affiche une vitalité étonnante, son centre-ville connaît une renaissance et elle peut compter sur des industries fortes.

Mais on ne peut pas dire, non plus, que Montréal est une ville qui va résolument bien. Elle est minée par d'importantes dysfonctions, elle a une faible attractivité et elle peine à créer de la richesse.

Montréal n'est donc pas dans une situation idyllique, mais elle est loin d'être dans une situation dramatique. Et c'est peut-être précisément cela, son «drame»...

Un rapport signé par BMO et Boston Consulting Group qui est dévoilé aujourd'hui propose «un nouvel élan» pour la métropole. Le constat principal, selon le président de BMO Groupe financier Québec, Jacques Ménard: Montréal est sur une lancée, mais celle-ci est freinée par sa sous-performance économique.

L'étude est fascinante en ce qu'elle décortique la relance qu'ont connue sept autres villes de taille similaire. Les auteurs en retirent 10 recommandations, mais au-delà de ces solutions souvent entendues, on retient une leçon: la nécessité de se fixer des priorités.

Ces villes ont effet su rebondir en se distinguant, en se concentrant sur des créneaux porteurs ou sur un positionnement clair. Boston a canalisé ses investissements vers les institutions du savoir et les hautes technologies. Philadelphie a choisi les sciences de la vie. San Diego a réduit le fardeau fiscal pour être LA ville la plus accueillante pour les entreprises. Et Melbourne a misé sur son attrait touristique et ses grands événements.

Dans le fond, ces métropoles ont fait tout l'inverse de Montréal, qui a soigneusement évité de se concentrer sur des domaines particuliers ces dernières années, de peur de déplaire. Plutôt que de choisir, elle a préféré multiplier les grappes industrielles à tout vent, organiser des grand-messes consensuelles et élaborer des plans de développement tous azimuts.

Résultat: la métropole est aujourd'hui tout et rien à la fois, comme le prouve la vision de développement de la Ville, Demain Montréal, dont le rapport de consultation vient tout juste d'être dévoilé. On y promet de tout, pour tout le monde.

Cela donne une économie idoine, certes diversifiée, mais qui performe moyennement, qui se distingue peu, incapable de foncer. Le PIB croît, mais moins vite qu'à Toronto, Vancouver et Calgary. Le taux de chômage stagne, alors qu'il baisse dans les autres villes. Le revenu disponible augmente, mais moins rapidement qu'ailleurs au pays.

Le problème de Montréal, on le constate à la lecture du rapport, il est là. La ville n'a pas frappé de mur, contrairement aux sept villes analysées. Melbourne a été ravagée par une longue et dure récession. Philadelphie et Boston ont connu respectivement 40 et 60 ans de déclin. L'effondrement de Pittsburgh a suivi celui de l'acier, tandis que Seattle a chuté avec Boeing dans les années 60.

La relance était donc, chaque fois, une obligation imposée à tous, non pas une décision à prendre. La Ville était contrainte de se fixer des priorités, le milieu des affaires devait s'impliquer davantage et le gouvernement n'avait d'autre choix que d'accorder à la métropole une attention particulière en diversifiant ses pouvoirs et revenus.

Le «drame» de Montréal, c'est que cette relance n'est pas encore vue comme une nécessité.

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