Entérinée jeudi, la nomination de Philippe Schnobb à la tête de la Société de transport de Montréal a fait bondir ceux qui espéraient que Denis Coderre tourne le dos à la partisanerie, tel qu'il l'avait promis.

Mais le problème de cette nomination est ailleurs...

Pendant deux décennies, à Montréal, la tradition voulait que la présidence du conseil d'administration de la STM soit un poste de surveillance et d'orientations. Le maire y plaçait un conseiller municipal qui avait la tâche, à temps partiel, de veiller aux intérêts de la Ville.

Le président n'avait alors qu'un pouvoir limité, ce qui lui permettait de vaquer à ses autres occupations. Claude Trudel a ainsi été président du conseil de 2005 à 2009, tout en étant maire d'arrondissement et leader de la majorité au conseil municipal.

Mais en 2009, tout a changé. Gérald Tremblay a nommé un non élu à la présidence et, surtout, il a modifié la gouvernance pour en faire un poste à temps plein aux pouvoirs accrus. Il a remplacé en quelque sorte la fonction de «chairman» par celle de «chief executive officer» (CEO).

Or le CV et les intérêts de Philippe Schnobb le prédestinent possiblement au poste de représentant des usagers au conseil d'administration de la STM. Ils lui permettent peut-être, en étirant un peu, de présider les séances du conseil. Mais ils ne font certainement pas de lui le meilleur candidat pour diriger les destinées d'une organisation de 9000 employés dotée d'un budget d'un milliard.

M. Schnobb rétorque que le rôle principal d'un président de conseil est de poser des questions et qu'en ce sens, sa carrière de journaliste lui sera d'une grande aide. Peut-être. Mais le poste et les responsabilités dont il hérite dépassent de loin la simple tenue des séances épisodiques du conseil d'administration.

Voilà le noeud du problème. Un problème double, en fait: 1) on met à la porte un patron qui avait non seulement l'expérience et les connaissances nécessaires pour diriger la STM, mais qui affiche aussi un excellent bilan; 2) on le remplace par une personne qui est loin d'avoir ces qualifications, à un moment éminemment stratégique pour la mobilité à Montréal.

Qu'on nomme un candidat défait à un poste névralgique n'est donc pas un péché en soi. C'est ce qui avait aussi permis à Michel Labrecque de devenir président. L'important, c'est qu'il possède les compétences requises, comme c'était le cas de ce dernier, qui a dirigé Vélo Québec pendant 15 ans, présidé le Conseil régional de l'environnement et agi à titre de PDG de Montréal en lumière pendant 10 ans.

La question n'est donc pas de savoir de quelle allégeance politique est le patron, mais s'il aurait hérité du poste à l'issue d'une sélection rigoureuse. Le cas contraire, difficile de ne voir dans cette nomination (comme celle de l'AMT d'ailleurs) plus qu'un prix de consolation.

Il faut évidemment laisser la chance au coureur, mais chose certaine, le fardeau de la preuve appartient au nouveau numéro 1 de la STM...

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