Surprise! Une «super poutre» attendait son moment dans une cour de la Société responsable du pont Champlain. Une poutre d'acier qui servira à solidifier cette infrastructure qu'on peine à tenir debout.

C'est l'unique bonne nouvelle dans un fatras d'incompétence, d'imprévoyance et de négligence politiques dont les citoyens du Grand Montréal font les frais.

Québec et Montréal peuvent bien montrer du doigt Ottawa, qui, lui, montre du doigt Québec, les trois ordres de gouvernement sont responsables de ce gâchis dont on sous-estime les impacts à long terme sur la métropole.

Ottawa a longtemps fermé les yeux sur les problèmes de ce pont dont il reconnaît à peine la paternité. L'ancien ministre des Transports Jean Lapierre racontait à la radio, hier, comment il se faisait rembarrer par le Conseil du Trésor lorsqu'il demandait des fonds pour cette infrastructure qui ne rentre pas dans les cases constitutionnelles du fédéral. «C'était une bataille de tous les instants. Chaque fois, on me demandait pourquoi on mettait encore de l'argent là-dedans.»

Une attitude irresponsable que partagent libéraux d'alors et conservateurs d'aujourd'hui. Le fédéral accepte évidemment de payer pour l'entretien d'urgence, mais il le fait à regret, de la même manière qu'il s'occupe du futur pont à regret. L'absence de Denis Lebel sur la place publique, hier, était inexcusable.

Québec, pour sa part, a manqué de prévoyance. Il est facile pour lui de balayer du revers de la main ce pont dont il n'a justement pas la paternité, mais il a la responsabilité des approches, de la mobilité et du transport en commun.

Les nombreux signaux d'alarme auraient dû inciter les libéraux à prévoir un plan de contingence en cas de fermeture du pont. Les péquistes sont de meilleure volonté, ayant lancé des projets nécessaires en transport collectif qui cheminent. Mais parallèlement, le ministre Gaudreault aurait dû réunir le comité de direction de Mobilité Montréal pour planifier des solutions à court terme. Il ne l'a pas fait et se retrouve aujourd'hui à lancer des mesures timides et éparses. 

On ajoute des wagons de train, mais les stationnements incitatifs sont pleins. On donne la priorité aux autobus sur des portions de route, mais ces derniers sont bondés et trop peu nombreux. On ajoute des voitures sur la ligne jaune, mais le stationnement autour du métro Longueuil n'est pas une sinécure. 

Montréal aussi a une part de responsabilité, même s'il n'a pas non plus la paternité du pont. C'était à lui de mettre de la pression sur Québec pour qu'il prévoie le pire. Et en cas de refus, c'était à lui de réunir la région pour prévoir des solutions en cas de fermeture inopinée du pont. 

Après tout, c'est Montréal qui préside la CMM. Et c'est Montréal qui sera la plus touchée par cette crise qui pourrait accélérer l'autonomisation de la banlieue.

«Chacun fait partie de la solution», clame le slogan de Mobilité Montréal. L'ennui, c'est qu'à part le gestionnaire du pont au mandat limité, personne ne s'est senti responsable du problème.

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