L'école Baril est un joyau d'Hochelaga-Maisonneuve, un point focal, un lieu de grand intérêt historique pour un quartier qui n'en compte pas beaucoup.Et pourtant, il faut la démolir...

Ce bijou architectural est en effet pourri. Pourri à en rendre malades ses occupants. Pourri au point d'être irrécupérable.

C'est un échec pour le gouvernement et la Commission scolaire de Montréal, garants d'un bâtiment patrimonial d'importance, un magnifique bâtiment de style Beaux-Arts qu'ils ont négligé.

Pendant des décennies, l'entretien de l'école a en effet été reporté, et ce, jusqu'à tout récemment. La CSDM a différé des travaux urgents, laissant le plâtre s'effriter et le toit couler, obligeant la direction de l'école à brancher un drain de fortune qui se vidait dans l'évier d'une classe.

Or pendant qu'on regardait ailleurs, l'eau s'infiltrait et les champignons proliféraient. Partout. Au point d'incommoder la santé de 75% du personnel et de 58% des élèves.

Signe d'une société malade? Signe, à tout le moins, d'une société qui pare au plus pressant, qui répond en priorité aux demandes de ceux qui se mobilisent, qui crient le plus fort.

«Cela n'aurait pas pu survenir à Outremont», souligne Dominique Paul, l'ancienne directrice de l'école, désemparée par une machine qui a refusé pendant des années de répondre à ses appels à l'aide...

Conséquence: l'infiltration d'eau a atteint les entrailles du bâtiment. Tous les rangs de briques de toutes les façades sont infestés, de même que les fondations. Un gâchis impardonnable.

Certains défenseurs du patrimoine tentent néanmoins de garder cette école debout, fort d'une étude architecturale concluant à la faisabilité d'une restauration. Ils proposent d'encapsuler la moisissure.

Leur intention est louable, mais dans le cas de l'école Baril, et dans ce cas unique, il est trop tard. Le bâtiment est plus contaminé que les autres. Les élèves sont sans école dans le quartier depuis près de deux ans. Il faut donc agir sans autres risques d'atermoiements.

Or la littérature scientifique montre, justement, que les techniques de confinement comportent un «risque significatif»: la moisissure peut revenir en force, comme ce fut le cas dans un hôpital de la Californie.

C'est pourquoi la Direction de la santé publique recommande de ne pas reconstruire d'école dans l'enveloppe actuelle, suivant ce que suggèrent les agences internationales lorsqu'un matériau poreux est infecté par «une croissance fongique active».

Quand on sait que des enfants ont été malades en raison de l'incurie passée des autorités, quand on sait qu'une génération entière d'élèves aura été trimballée d'un établissement à l'autre, quand on sait l'importance des écoles de proximité dans les quartiers défavorisés, prendre le risque d'une nouvelle fermeture et de nouveaux problèmes de santé est insensé.

Il n'y a aucun doute que la disparition de ce bâtiment emblématique sera une épreuve pour la communauté et que le maintien d'éléments patrimoniaux devra être envisagé, mais une réhabilitation incertaine pourrait être pire encore.

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Démolition de l'école Baril: un cas de conscience...



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