Le projet Turcot présenté la semaine dernière est un copier-coller du projet dévoilé il y a trois ans par le gouvernement Charest. Avec ses forces, mais aussi ses faiblesses.

Le gouvernement Marois a certes ajouté une voie réservée, une gare de train et des cases de stationnements incitatifs, mais en gros, il s'agit du même projet routier qui fait peu de cas du territoire sur lequel il sera construit.

Le problème n'est pas l'échangeur comme tel. La conception du carrefour de béton aurait certes pu être plus ingénieuse, mais le projet constitue un tel progrès par rapport à l'horrible version initiale qu'il en devient un compromis acceptable.

Que la capacité automobile demeure inchangée, passe encore. Après tout, Turcot est le plus important carrefour motorisé de la province, et il sera toujours possible de réduire la circulation plus tard à l'aide de voies réservées, ce que souhaite étudier Québec.

Le problème est ailleurs, sous l'échangeur.

On nous présente en effet un superbe projet intégré, un projet qui permet, selon le ministre Jean-François Lisée, de «repenser un ensemble d'éléments de la trame urbaine, tant pour améliorer la qualité de vie des résidants que pour embellir la métropole et préserver son environnement».

Mais en y regardant de plus près, on s'aperçoit que la plupart des composantes qui aurait le pouvoir de transformer ce chantier routier en un projet urbanistique durable sont trompeuses ou absentes du «budget plafond» de 3,7 milliards.... meilleure façon de les exclure plus tard.

Les plans dévoilés lundi dernier contiennent par exemple des corridors pour un train vers l'aéroport et un tramway. Un tramway que l'on voit circuler sur une belle emprise verte dans la vidéo de présentation de 2010. Or il n'y a aucun projet en ce sens. Pas plus qu'il n'existe de plans pour une «desserte aéroportuaire», une intention qui ne verra probablement jamais le jour.

Le projet Turcot est également présenté par le ministre Lisée comme une future «porte d'entrée emblématique» pour Montréal. Il a évoqué en ce sens la mise en valeur de la falaise Saint-Jacques, négligée depuis un siècle. Or, la falaise aura peut-être droit à quelques arbres et une piste cyclable à son pied, mais rien de plus: l'intention du MTQ est de l'enclaver en rapprochant la cour de triage à 30 mètres! On ne met donc pas cet «écoterritoire» en valeur comme on le prétend, on le condamne à tout jamais.

On évoque aussi, grâce au déplacement de la cour de triage, les «400 000 m2» à développer, laissant entendre qu'un nouveau quartier verra le jour. Mais on ne prévoit pas un sou pour la décontamination du site ou son raccordement aux infrastructures publiques.

Soyons honnête, il y a des composantes urbanistiques intéressantes dans le projet, comme le pont à haubans au-dessus du canal de Lachine, les trottoirs élargis dans les quartiers avoisinants et les murs antibruit transparents. Mais rien pour faire de Turcot un projet d'embellissement de la métropole.

francois.cardinal@lapresse.ca

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