Nous publions aujourd'hui le dernier de deux éditoriaux sur le projet d'oléoduc Keystone XL.

Le ministre Joe Oliver a terminé sa tournée aux États-Unis, mercredi, en promettant aux Américains ce qu'il promet aux Canadiens depuis maintenant six ans, une réglementation imminente pour encadrer l'exploitation bitumineuse en Alberta.

La bonne nouvelle, c'est qu'Ottawa semble réellement sur le point d'adopter des règles environnementales, cette fois, les pressions diplomatiques de Washington ayant eu raison de ses résistances.

La mauvaise, par contre, c'est que ce sacrifice de dernière minute ne peut aboutir qu'en une réglementation de surface pour un problème qui exige une véritable feuille de route à long terme.

Une simple reconduction des cibles de réduction de l'intensité des émissions de gaz à effet de serre ne peut en effet suffire, surtout quand on constate leur peu d'incidences ces dernières années. Le gouvernement a plutôt le devoir de faire appliquer les lois fédérales existantes - sur les pêches, les espèces, la protection et l'évaluation environnementales - par l'entremise d'un plan vert qui couvre trois aspects du problème.

- La gouvernance. Une des principales lacunes actuelles est l'absence d'une surveillance indépendante et transparente des effets environnementaux de l'exploitation pétrolière. Cela empêche de connaître les divers effets de cette activité, mais aussi ses impacts cumulatifs. Il n'y a donc aucun lien entre l'approbation des projets et une quelconque limite des écosystèmes. Pire, les prétentions des scientifiques sont souvent rejetées par la province dont l'intérêt économique est évident.

- Les impacts locaux. De la détérioration des sols à la qualité de l'air en passant par la contamination des eaux, l'exploitation des gisements bitumineux génère une foule d'impacts. Il importe donc d'avoir un plan qui fixe, en priorité, un échéancier serré pour éliminer les énormes bassins de décantation et remettre les terres en état, ainsi que des cibles de réduction des émissions atmosphériques et des prélèvements d'eau de la rivière Athabasca.

- Les impacts nationaux. Afin de réduire les gaz à effet de serre, l'imposition d'un véritable prix sur les émissions carboniques serait idéale (l'actuelle taxe carbone est insignifiante). Mais avec l'actuel prix du baril, il serait plus réaliste d'espérer des cibles de réductions absolues des émissions, conformes à l'engagement pris par le Canada à Copenhague, soit de limiter le réchauffement climatique à 2°C. Cela nécessiterait des cibles établies scientifiquement, mais aussi un plan clair pour les atteindre.

Depuis qu'ils sont au pouvoir, les conservateurs ont accordé aux sables bitumineux un traitement de faveur qu'ils justifient par l'incroyable manne financière qu'ils représentent pour le pays. Fort bien, mais cette attention doit se porter à la fois sur les aspects économiques et environnementaux de ce secteur d'activité. Seule façon de démontrer que le projet Keystone en vaut la peine, autant aux Canadiens qu'aux Américains.

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