Jean-François Lisée a prononcé son premier discours comme ministre responsable de la métropole, lundi dernier, une étape qui signale la fin de sa «phase d'apprentissage».

Les mauvaises langues diront, à la suite des histoires du double salaire et de la double fonction d'André Boisclair, que le ministre n'a toujours rien appris, mais ne mélangeons pas tout. En ce qui concerne Montréal, M. Lisée a jusqu'ici un parcours sans faute.

Mieux, le ministre a su, en peu de temps, s'imposer comme un acteur incontournable, beaucoup plus interventionniste et volontaire que ses prédécesseurs. Une très bonne chose.

Après 10 ans d'apathie gouvernementale, il était temps que Québec décide de s'impliquer dans la région métropolitaine. Car cette dernière a pâti de ses relations froides et distantes avec le gouvernement Charest, qui s'est servi du désaccord entre les 82 villes du Grand Montréal pour rester sur les lignes de côté, les bras croisés.

À l'inverse, le discours prononcé par M. Lisée, lundi, démontrait non seulement un intérêt pour la région, mais une compréhension fine de ses problèmes, de ses défis et même, de ses atouts. Enfin un ministre qui croit en cette ville! Enfin un «montréalo-optimiste», comme il dit!

Avec le sens de la formule qu'on lui connaît, M. Lisée s'est fixé deux priorités: la corruption et la congestion (auxquelles on pourrait ajouter la rétention, celle des jeunes familles). Il s'est aussi imposé une date butoir, 2017. Ce qui est déjà bien pour un ministre en poste depuis à peine 100 jours.

Mais le plus dur reste à venir. Surtout pour un ancien scribe habitué à saisir rapidement une situation et à identifier des solutions. Il faut maintenant un plan, un échéancier, de l'argent et... des décisions.

Car le temps est compté. De ce gouvernement, mais aussi de Montréal, qui se trouve, comme l'a souligné M. Lisée, «à un point critique de son histoire».

Oui, il importait d'adopter le projet de loi 1 sur la corruption et d'épauler la Ville pour ramener plus d'intégrité dans l'attribution des contrats. Mais il faudra plus pour que «tombent les coûts des travaux publics». Ce que démontrent les dépassements récents de coût de l'échangeur Décarie et de l'autoroute 19.

Oui, il fallait promettre de s'attaquer en priorité à la congestion. Mais il faudra plus que des promesses. Il faudra réorienter des montants affectés au réseau routier vers les transports en commun. Il faudra clore le fiasco du train de l'Est et lancer officiellement l'extension de la ligne bleue avant de penser à «d'autres prolongements qui aideront à faire baisser la pression». Il faudra finir le SRB Pie-IX avant de rêver de «quadriller l'île et les couronnes de voies réservées».

Bref, il faudra prouver qu'au-delà des engagements, des gestes concrets et rapides seront pris pour faire reculer pour de bon la corruption et la congestion. Surtout après un budget aussi décevant pour la métropole.

Les 100 premiers jours ont servi à tracer le chemin. Il faut maintenant oser l'emprunter.

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