Pour remplacer son bouillant ministre de l'Environnement, Pauline Marois a choisi de nommer... un ministre bouillant. C'est une très bonne chose.

Comme Daniel Breton, en effet, Yves-François Blanchet est un «gros bras» de la politique, un «goon» comme le veut son surnom. Impétueux, il n'hésite pas à défendre ses dossiers avec pugnacité, à descendre dans l'arène, à jeter les gants au besoin.

De tels attributs peuvent certes être des défauts pour qui s'occupe de dossiers délicats au conseil des ministres. Pensons à la langue, à la santé ou à l'éducation, qui nécessitent doigté et diplomatie.

Mais l'environnement est un enjeu différent, qui commande davantage de combativité, de rudesse même. Car le ministre joue le rôle de chien de garde, de surveillant, de protecteur de l'environnement. Il doit donc être ferme, il doit savoir défendre ses dossiers avec vigueur, il doit être capable de faire respecter «ses» lois.

Cela n'est pas chose facile dans un conseil des ministres, où plusieurs ont des mandats de développement: ressources naturelles, transports, développement économique... Il importe donc, pour que les arbitrages se fassent en bonne et due forme, que des voix fortes puissent contrebalancer ce discours en rappelant les vertus de l'encadrement, de la protection, de la préservation et du développement... durable.

Voilà pourquoi il était désolant d'entendre le ministre fédéral Peter Kent se porter à la défense de l'extraction pétrolière deux jours après sa nomination. Ou d'entendre Pierre Arcand vanter les «belles opportunités» de l'extraction du gaz de schiste à l'époque où il était ministre de l'Environnement.

À l'inverse, les Thomas Mulcair, Line Beauchamp et André Boisclair, ironiquement, jouaient très bien ce rôle de chien de garde au sein de leur propre conseil des ministres. Daniel Breton aussi, on l'imagine bien, d'où le regret de le voir partir aussi vite.

Ce sera maintenant au tour d'Yves-François Blanchet, un choix d'autant plus prometteur, d'ailleurs, qu'il possède les qualités de son prédécesseur... mais sans son handicap. Contrairement à M. Breton, en effet, M. Blanchet n'est pas un militant écologiste.

Cela n'est certainement pas une tare ou un défaut, entendons-nous. Mais cela peut certainement le devenir lorsque l'activisme prend le pas sur le pragmatisme, comme l'a démontré Daniel Breton lors de ses envolées, de ses oppositions spontanées et même de sa visite au BAPE.

Or le ministre représente l'environnement, non pas les écologistes. Il doit être en mesure de faire la part des choses, de prendre ses distances à la fois des agresseurs et des protecteurs de l'environnement, d'échanger autant avec les organismes environnementaux qu'avec les promoteurs, à qui il doit de toute façon délivrer des permis.

Bref, le ministre doit avoir la distance, mais surtout la fermeté pour défendre ses dossiers et points de vue, tant au conseil des ministres qu'auprès des différentes clientèles de son ministère.

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