Michael Applebaum a remporté la course à la mairie, mais le véritable gagnant de l'élection d'hier, c'est le citoyen de Montréal.

Le nouveau maire par intérim a certes réussi tout un exploit. Premier à quitter le bloc de départ, il a su imposer ses idées avant même que son adversaire ne réagisse. Ayant mieux saisi le caractère exceptionnel de la situation, il a tendu la main à l'opposition, proposé une coalition et ainsi remporté la course, in extremis.

Mais dans les faits, Michael Applebaum n'est pas tant un maire en exercice qu'un instrument du conseil municipal, qui l'a élu.

En effet, en claquant la porte d'Union Montréal, en lui faisant perdre sa majorité et en présentant sa candidature contre Richard Deschamps, Michael Applebaum a littéralement arraché le pouvoir des mains de son ancien parti pour le donner à l'ensemble des élus municipaux.

Ce sont donc les citoyens, par l'entremise de tous leurs représentants, qui ont pu choisir le maire par intérim. Ce sont eux qui, par leur colère et leur indignation, ont fragilisé le parti au pouvoir, ont forcé un réalignement des élus et ont ouvert la voie à un candidat de coalition.

Comparons cela à Mascouche, obligée de se faire tailler une loi sur mesure pour retrouver un peu de sérénité. Ou à Laval, forcée d'accepter la venue d'un chaperon gouvernemental pour calmer le jeu. Clairement, Montréal est celle qui pâtie le moins du contexte actuel. La métropole a réussi à «destituer» le parti au pouvoir, à lui signifier son mécontentement sans chahut à l'hôtel de ville, sans présence policière, sans accrochage avec Québec.

Au contraire, même, les citoyens de la métropole se sont donné un maire, capable de rassembler, sans attache partisane. Un maire prêt à s'adjoindre un comité exécutif de cohabitation. Un maire favorable à la tenue de l'exécutif en public. Un maire capable de faire le pont entre anglos et francos. Un maire, surtout, qui n'aura d'autre intérêt que la gouverne de la ville au cours des 12 prochains mois, puisqu'il a promis de ne pas se présenter à la mairie en novembre 2013.

Rien ne sera facile, on s'entend. Mais vaut mieux des désaccords et des négociations ardues au sein d'une administration arc-en-ciel que des décisions imposées unilatéralement par un parti qui a perdu la confiance des citoyens. Ce qu'a d'ailleurs démontré le psychodrame du budget.

En outre, les conseillers municipaux ont enfin l'occasion de faire de la politique «autrement», une condition sine qua non pour retrouver la confiance des citoyens. Réunis à la même table, les indépendants et les élus de Projet Montréal, Vision Montréal et même Union Montréal (si Richard Deschamps accepte de se joindre à l'exécutif) devront donc tout faire pour collaborer jusqu'aux prochaines élections.

Michael Applebaum a réussi à asseoir ensemble les représentants des Montréalais de tous les horizons. Il doit maintenant gouverner avec eux, et pour eux.

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