À voir les grues monter, les projets de tours se multiplier et les superhôpitaux se profiler, on pourrait croire que l'économie de Montréal se porte bien. Or les statistiques peignent un tout autre portrait...

L'île déplore un taux de chômage de plus de 10%. Elle a perdu 4800 emplois à temps plein en deux mois. Et elle a assisté à la disparition de 865 entreprises au cours de la dernière année, ce qui s'ajoute aux 3000 autres ayant déserté la métropole en 10 ans.

S'il y a un secteur à montrer du doigt, c'est bien sûr celui de la fabrication. Et s'il y a une région qui en souffre, c'est bien l'est de Montréal...

Voilà pourquoi la chef de l'opposition, Louise Harel, a décidé de sonner l'alarme et de dénoncer la «désindustrialisation galopante» de Montréal. Voilà aussi, en partie, pourquoi Pauline Marois a nommé une ministre déléguée à la Politique industrielle, hier.

Leur solution: relancer le secteur manufacturier.

Cette réponse, il est vrai, peut sembler nostalgique de prime abord. Pourquoi ne pas plutôt miser sur les secteurs d'avenir, la santé, l'éducation, les technologies de l'information?

Le problème, d'un point de vue montréalais, c'est que tous les arrondissements ne peuvent courtiser les mêmes industries, entreprises et employés. Ils ne peuvent tous attirer des entreprises de jeux vidéo et avec elles, une flopée de créatifs bien formés... Les puces, les consoles et les jeux doivent bien être fabriqués quelque part!

L'Est a un passé manufacturier, des espaces prévus à cette fin, des parcs industriels immenses. Il faut miser sur cette spécificité, et du coup sur la diversité de l'économie de Montréal, plutôt que de tenter de la gommer...

Mais attention, il ne s'agit pas de répliquer le modèle industriel d'antan, mais bien de développer le manufacturier de demain: la métallurgie en lien avec le Plan Nord, la microélectronique, les produits plastiques performants, les technologies vertes, etc.

La Finlande et la Suède, en intensifiant l'innovation, ont prouvé que la fabrication pouvait avoir de l'avenir malgré la concurrence des pays émergents. Les États-Unis et l'Allemagne en ont fait autant en misant sur la productivité et la relocalisation (Electrolux...).

La situation est certes différente au Québec, mais ici aussi, la relance est possible. Les investissements manufacturiers atteindront 5 milliards cette année... leur plus haut niveau en 10 ans, rappelait récemment Monique Leroux, du Mouvement Desjardins.

L'est de Montréal pourrait certainement profiter d'une intensification des efforts, à Québec et à Montréal. Il faudrait, en ce sens, investir dans la décontamination des terrains, la desserte en transport et la mise aux normes des parcs industriels (cinq d'entre eux n'ont pas de desserte en aqueduc et égout!). Il faudrait, en entreprise, miser sur l'innovation, s'appuyer sur la formation et accroître la productivité.

Le manufacturier décline, mais il est toujours là, il se restructure. Il importe donc de le consolider, et même, de le réinventer afin d'en faire profiter Montréal.

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