Le boisé des Hirondelles est loin d'avoir la taille du mont Royal. Et pourtant, cette petite forêt de 6 hectares située à St-Bruno revêt une importance capitale dans la région: elle est le théâtre du premier affront infligé au Plan métropolitain d'aménagement (PMAD).

La Ville de St-Bruno a en effet donné son accord au sénateur Paul J. Massicotte afin qu'il construise 30 maisons luxueuses en plein boisé vierge et mature, un projet qui contredit en tous points le PMAD, pourtant appuyé par la Couronne Sud il y a un mois.

Vrai, il manque le feu vert de Québec pour que le Plan entre en vigueur. Mais il a néanmoins été adopté par les villes, qui ont, depuis, le devoir d'en respecter l'esprit.

Or que dit ce plan? Qu'il faut densifier les secteurs avoisinant les gares et stationnements incitatifs et ce, afin de préserver les rares milieux naturels du Grand Montréal.

Que vise le projet La Futaie? La construction d'énormes maisons unifamiliales à des milles de toute desserte en transport en commun, en plein milieu naturel!

Un projet in-dé-fen-da-ble. Triplement indéfendable, même.

D'abord, en raison de l'importance écologique de la forêt visée. Adossé au Parc national du Mont-St-Bruno, ce boisé constitue l'unique passerelle reliant le parc aux espaces verts situés au sud, ce qui, en plus de sa valeur écologique intrinsèque, lui donne une importance cruciale dans le cadre de la création du Corridor montérégien et d'une ceinture verte métropolitaine.

Ensuite, en raison de son travail de sape à l'endroit du PMAD. Si on est incapable de conserver une forêt mature enclavée dans un parc, que protégera-t-on pour doubler la superficie protégée dans la région, comme on souhaite le faire? Si St-Bruno, une ville dont les richesses naturelles sont le principal attrait, permet de raser 40% d'un boisé mature, comment convaincra-t-on les autres maires de préserver quoi que ce soit de moindre valeur?

Enfin, en raison de l'inévitable cynisme qu'il provoquera chez les citoyens. Le projet bafoue non seulement le PMAD, mais aussi l'avis du comité consultatif sur l'environnement, le plan de conservation de la Ville et le rapport des consultations publiques menées à ce sujet le mois passé.

À quoi bon les comités consultatifs, les plans verts, les plans d'aménagement, la participation civique, se demanderont les citoyens, si une ville peut donner son aval à un projet qui les contredit tous?

Le maire Claude Benjamin prétend qu'il n'avait d'autre choix que d'accepter, car le terrain est zoné résidentiel et le promoteur, dans ses droits. Vrai, mais pas plus tard que l'an dernier, les efforts des élus et citoyens ont permis de protéger l'île Charron ainsi que des boisés de Sainte-Julie et Lorraine, tous en zone blanche.

Ces réussites sont peut-être différentes, mais elles partagent une même volonté d'éviter la construction à tout prix, hélas absente à St-Bruno.

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«Quel avenir pour Montréal?»: www.lapresse.ca/avenirmtl


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