Cherchez le mot «région» dans les plateformes des partis fédéraux et vous n'aurez pas assez de la journée pour tous les encercler. Tentez le même exercice avec les mots «Montréal» ou «Toronto» et vous vous endormirez avant d'en trouver une seule occurrence...

Cherchez le mot «région» dans les plateformes des partis fédéraux et vous n'aurez pas assez de la journée pour tous les encercler. Tentez le même exercice avec les mots «Montréal» ou «Toronto» et vous vous endormirez avant d'en trouver une seule occurrence...

Convenons-en, il n'y en a que pour «les familles en région» depuis le lancement de la campagne. On leur promet des médecins, des emplois, des pistes de motoneiges, des bureaux de poste et même, des crédits d'impôt pour les pompiers volontaires.

La grande séduction des régions ne date pas d'hier, il est vrai, la carte électorale les ayant toujours favorisées. Mais ce qu'il y a de nouveau cette fois, c'est que les partis se sentent obligés de séduire les régions en opposition aux métropoles.

L'exemple le plus flagrant est survenu lors du débat des chefs en français, lorsque le chef conservateur a harponné son adversaire libéral sur sa promesse de construire un nouveau pont Champlain: «Je n'adopterai pas l'approche de M. Ignatieff qui dit qu'il va détourner l'argent des régions pour financer les infrastructures de Montréal», a lancé M. Harper...

Les autres partis n'osent évidemment pas tenir de propos aussi saugrenus, mais ils ont néanmoins recours à cette stratégie de façon plus discrète. Que l'on pense au slogan du Bloc «Parlons régions», dont on ne trouve aucun équivalent dans la métropole. Ou à ce passage du «livre rouge» libéral qui s'attaque à l'approche conservatrice parce qu'elle est «bien vue sur Bay Street», mais «ne satisfait pas» les familles canadiennes.

Elle est loin l'époque où l'un des deux grands partis, alors mené par Paul Martin, avait fait de la relance des grandes villes son cheval de bataille...

Les conservateurs, dont le slogan est «Notre région au pouvoir», sont en effet incapables de se commettre sur le pont Champlain, la navette aéroportuaire, le TGV, la culture, le logement abordable. Pire, ils promettent l'inverse, s'engageant par exemple à déménager l'agence Développement économique Canada hors Montréal.

Les libéraux, pour leur part, citent «le Canada rural» dans leurs enjeux principaux, mais pas le Canada urbain. Ils s'engagement à élaborer un plan pour les transports en commun... mais ne précisent jamais à quoi ils pourraient ressembler. Ils promettent de l'aide au logement social... mais en pigeant dans les sommes destinées aux infrastructures.

Bref, au PC comme au PLC, on déshabille Paul pour habiller Jean.

Oui, il y a d'énormes besoins en régions. Mais il y en a aussi dans les villes, qui seront les premières à écoper lorsque les investissements fédéraux dans les municipalités viendront à échéance dans moins de 36 mois. Les nids-de-poule, les cônes orange et les ruptures d'aqueducs nous en donnent chaque jour un aperçu...

Or en négligeant les grands centres, où ont été créés les trois quarts des nouveaux emplois l'an dernier, on néglige les moteurs qui poussent le pays en avant. Le jour où ils tomberont en panne, l'arrêt sera tout aussi brusque pour les régions.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion