Le maire Tremblay a prouvé cette semaine qu'il avait perdu le contrôle de son administration, qu'il était incapable de faire le ménage à l'hôtel de ville, qu'il était mal entouré, mal conseillé.

Le maire Tremblay a prouvé cette semaine qu'il avait perdu le contrôle de son administration, qu'il était incapable de faire le ménage à l'hôtel de ville, qu'il était mal entouré, mal conseillé.

Mais cela, n'en déplaise à Richard Bergeron, ne justifie nullement son départ forcé.

Gérald Tremblay a été démocratiquement élu, réélu, même, deux fois plutôt qu'une. Il dirige un parti qui lui accorde toujours sa confiance. Il chapeaute un comité exécutif qui lui est fidèle. Et il jouit de la majorité des sièges au conseil municipal.

Il lui manque peut-être la compétence nécessaire pour diriger une métropole, mais une telle faute, hélas, ne contrevient à aucune loi ou règlement. Elle ne peut donc servir de prétexte pour exiger la démission immédiate d'un magistrat porté au pouvoir par le plus grand nombre.

D'autant, rappelons-le, que les Montréalais ont plébiscité Gérald Tremblay il y a 17 mois à peine, après une campagne tumultueuse marquée par des allégations de corruption, de collusion, de favoritisme et de conflit d'intérêts. Ils ont choisi de fermer les yeux sur la saga des compteurs d'eau, les malversations de la SHDM et les autres scandales qui ont entaché les précédents mandats du maire.

Bref, c'est en toute connaissance de cause qu'ils ont renouvelé son contrat pour une durée de quatre ans. Bien difficile aujourd'hui d'exiger sa résiliation pour «vice caché»...

Entendons-nous, le chef du deuxième parti de l'opposition a raison d'exiger «la fin de cette comédie loufoque», de se désoler de ce «triste cirque». Tout comme il est de bonne guerre pour Louise Harel d'inviter le maire à faire «un sérieux examen de conscience».

Mais là se situe la frontière à ne pas dépasser, et elle y restera tant que Gérald Tremblay ne sera visé personnellement par aucune enquête, tant qu'il comptera sur l'appui d'une majorité au conseil.

Cela dit, s'il y a un homme qui mériterait la vindicte de Richard Bergeron, c'est bien le directeur général de la Ville, Louis Roquet. Voilà un homme qui n'est pas élu, qui n'a aucun compte à rendre à la population, qui exerce un pouvoir considérable et qui a failli à la tâche de façon magistrale, à plus d'une occasion.

C'est lui qui a transmis à Telus le rapport du vérificateur général avant sa publication. Lui qui a signé la lettre déclarant qu'aucun élu n'avait été espionné. Lui qui était le patron du contrôleur Pierre Reid. Lui qui a mené la fronde contre le vérificateur avec qui il avait des comptes à régler.

Et pourtant, Louis Roquet jouit toujours de la confiance du maire. Il est toujours à son poste. Il dirige toujours la Ville et ses quelque 30 000 employés.

Si le maire ne veut pas perdre le peu de confiance qui lui reste, s'il veut reprendre un semblant de contrôle sur l'administration qu'il est censé diriger jusqu'en 2013, il doit songer à lui montrer la porte, comme il l'a fait avec son prédécesseur.

Voilà qui permettrait de laisser entrer de «l'air neuf à l'hôtel de ville», comme le souhaite Richard Bergeron.

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