Tout le monde est en faveur d'un réseau universitaire solide et bien financé. Mais lorsque vient le temps de régler l'addition, les têtes s'enfoncent dans les épaules et les plus irresponsables disparaissent de la table...

Tout le monde est en faveur d'un réseau universitaire solide et bien financé. Mais lorsque vient le temps de régler l'addition, les têtes s'enfoncent dans les épaules et les plus irresponsables disparaissent de la table...

C'est précisément ce qu'ont fait étudiants et syndicats, lundi à Québec, en refusant de participer à un financement accru des universités, un geste qui menace l'idée même d'un réinvestissement massif dans le réseau.

Si les principaux bénéficiaires de l'éducation postsecondaire s'entêtent à voir une hausse des droits de scolarité comme une dette en devenir, non pas comme un investissement, comment s'imaginer que les autres acteurs accepteront de contribuer à ce mauvais placement?

Or il est clair que le gouvernement, malgré le milliard de dollars supplémentaire qu'il a versé aux universités depuis 2003, doit en faire plus. Il doit non seulement ouvrir la porte à une modulation des droits de scolarité par discipline, il doit aussi bonifier l'aide financière aux étudiants dans le besoin.

Même chose pour les entreprises, qui doivent augmenter les montants versés à la hauteur des bénéfices qu'ils retirent du réseau universitaire. Le financement opportuniste de projets et de chaires de recherche ne suffit plus.

Mais disons-le, ce n'est pas en revendiquant un gel des droits de scolarité déconnecté de la réalité que les étudiants et syndicats convaincront le gouvernement et les chefs d'entreprises de piger dans leurs coffres.

Ce n'est pas non plus en demandant une meilleure gestion des universités qu'ils se retrouveront avec des classes moins peuplées et des bibliothèques garnies. Si les universités sont obligées de multiplier les programmes et de construire de lointaines antennes régionales, c'est précisément parce que les droits de scolarité sont trop bas!

Et les étudiants voudraient nous faire croire qu'ils en font déjà assez... Bien difficile à avaler quand on sait qu'ils ne défraient pas plus de 13% du financement des universités, contre 25% ailleurs au Canada!

Les associations étudiantes rétorquent qu'une hausse des droits de scolarité aura un effet important sur l'endettement et sur l'accessibilité. Faux!

Oui, les jeunes sortent de l'université avec une dette de 15 000$. Mais ils sortent aussi avec un salaire plus élevé que les non-diplômés, salaire qui atteint même le double avec les années. C'est ce qu'on appelle un retour sur l'investissement...

Quant à l'accessibilité, les 10 dernières années au pays ont battu en brèche la prétention des étudiants. Depuis 1999, la clientèle universitaire a crû de 4,1% au Canada, malgré une hausse des droits de 4,5% par année. Au Québec, malgré une hausse minime, le nombre d'étudiants n'a augmenté que de 2,1%.

En faisant fi de ces chiffres et en refusant obstinément que l'on touche les droits de scolarité, les étudiants confirment l'impression que cette bataille est léguée d'une génération militante à l'autre tel un rituel dont la justesse s'est perdue avec le temps.

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