Le Bixi est le symbole par excellence des vertus de notre époque: bon pour l'environnement, accessible à tous à peu de frais, basé sur la confiance des citoyens, appartenant à tout le monde et personne à la fois.

Le Bixi est le symbole par excellence des vertus de notre époque: bon pour l'environnement, accessible à tous à peu de frais, basé sur la confiance des citoyens, appartenant à tout le monde et personne à la fois.

Mais aussi vertueux soit-il, le Bixi a un vice, un gros: il manque totalement de transparence.

C'est en 2007 que l'administration Tremblay a confié à la société en commandite Stationnement de Montréal (SdeM) un mandat de trois ans, qui prend fin ce printemps, pour implanter un système de vélos en libre-service.

Mission accomplie. L'organisme a réussi à mettre en place, presque sans heurts, un vaste réseau de 5000 Bixi dont la popularité ne se dément pas, ici comme ailleurs.

En un seul été, les Montréalais ont effectué plus d'un million de déplacements. En parallèle, la liste des villes qui ont opté pour le Bixi n'a cessé de s'allonger. Melbourne l'implantera fin mai, suivi par Minneapolis le mois suivant, puis ce sera Londres. Les négociations se poursuivent avec Toronto, Boston, New York, Chicago et Lisbonne.

Impressionnant! Mais au-delà d'un orgueil gonflé, qu'en retirent les Montréalais? Mystère.

Un voile opaque entoure les activités de SdeM, une filiale de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain qui prévoit - enfin! - dévoiler ses états financiers le 6 mai prochain. Bien que trois ans se soient écoulés depuis que l'organisme a accepté le mandat, aucun chiffre, plan d'affaires ou stratégie marketing n'a encore été dévoilé.

Aussi aigu soit le sentiment d'appartenance des Montréalais pour le Bixi, ces derniers ne savent donc strictement rien de sa gestion.

Le manque de transparence est tel que pour en apprendre davantage, les journalistes ont dû se rabattre sur les sommaires décisionnels de la Ville de... Toronto. On y apprend que les coûts d'implantation du Bixi dans la Ville-Reine (4,8M$) ainsi que les coûts annuels d'opération (1,3M$) seront entièrement assumés par Stationnement de Montréal, qui touchera la moitié des surplus liés aux frais d'usagers et à la vente de publicités.

Impossible, toutefois, de savoir si cela est à l'avantage des Montréalais.

Or, malgré que le financement provienne d'emprunts contractés par SdeM, le modèle d'affaires privilégié peut avoir un impact à la baisse sur les redevances que doit verser annuellement l'organisme à la Ville de Montréal. Et une baisse des surplus pourrait nuire au développement futur du réseau montréalais.

Qui nous dit que les escapades du Bixi de par le monde ne menacent pas les surplus et les redevances? Personne. Sinon une société privée qui s'est déjà fait accuser par le vérificateur général de ne pas respecter l'entente qui la lie à la Ville, d'avoir recours à des pratiques comptables douteuses... et de manquer de transparence.

Une réflexion est en cours à l'hôtel de ville sur l'avenir de la gestion du Bixi. Maintenant que ce dernier est bien en selle, espérons qu'on aura à coeur de lui ajouter sa vertu manquante.

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