La fin du conflit ayant opposé l'Université de Montréal à ses chargés de cours est une bonne nouvelle pour les deux parties, qui sortent sans trop d'égratignures de cette grève d'un peu plus de six semaines. Mais on ne peut hélas! en dire autant pour les étudiants.

Les grands gagnants sont certainement les chargés de cours, qui ont arraché des gains salariaux, des primes de départ plus souples, une participation accrue dans la réflexion sur la taille des classes et un meilleur soutien des auxiliaires d'enseignement.

L'Université, quant à elle, a réussi à sauver les meubles. Elle ramassera la facture des abandons et risque de voir à court terme certains de ses meilleurs étudiants s'envoler pour des cieux plus cléments, mais ce n'est rien en comparaison du cauchemar qu'elle aurait vécu si elle avait eu à annuler le semestre.

En revanche, les étudiants sortent perdants sur toute la ligne de ce bras de fer dont ils n'étaient que les otages.

À l'UdeM, pas moins de la moitié de l'ensemble des cours de premier cycle sont donnés par des chargés de cours, ce qui signifie que bien des étudiants verront deux ou trois de leurs cours écourtés, quand ce ne sont pas carrément la totalité des cours suivis.

Comment croire qu'ils pourront réaliser en un peu plus de 10 semaines ce qui se fait normalement en 15? Qu'ils pourront rattraper sans problème un semestre qui était soi-disant irrécupérable s'il ne reprenait pas dès le 5 avril?

Permettrait-on aux employés de Bombardier d'expédier l'assemblage d'un avion après un conflit de travail?

Certes, des examens seront transformés en travaux ou en lectures dirigées, des pans du cursus seront rendus disponibles sur l'internet et certains cours profiteront d'heures prolongées, mais cela se fera dans un contexte où les étudiants en ont déjà plein les bras.

N'oublions pas que les cours donnés par les professeurs se sont poursuivis normalement, de telle sorte que de nombreux étudiants entament cette semaine leur période d'examens. Et parallèlement, on leur demandera une charge de travail supplémentaire... pour qu'ils se préparent à une deuxième vague d'examens!

Et c'est sans parler des étudiants attendus aux examens d'ordres professionnels, des étudiants qui débarqueront sur le marché du travail estival avec dix jours de retard sur leurs confrères, des étudiants étrangers à qui l'on permettra de repartir avant la fin de la session et des étudiants qui doivent se familiariser avec certaines manipulations, qui ne s'apprennent ni sur le web ni dans les livres.

Ces questions, reconnaissons-le, sont bien délicates, car les quelque 2400 chargés de cours avaient tout à fait le droit de faire grève. En ce sens, d'ailleurs, l'éventuel recours collectif des étudiants est voué à l'échec.

Mais on ne peut, sous prétexte que l'enseignement universitaire n'est pas un service essentiel, balayer sous le tapis l'impact que ce conflit aura sur des milliers de personnes.

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