Passé en 2017 de cryptomonnaie assez hermétique à phénomène financier à grande échelle, le bitcoin demeure un produit purement spéculatif dont la trajectoire demeurera à la merci de nombreux aléas en 2018.

Le bitcoin, qui s'échangeait à un peu moins de 1000 $US au début de l'année, a vu son cours grimper de façon spectaculaire en 2017, jusqu'à frôler la barre des 20 000 $ dans la semaine précédant Noël. La chute qui s'est ensuivie a été brutale, mais avec un cours qui se maintenait au-dessus des 13 000 $ hier, la progression demeure considérable. Plus constant que le prix lui-même, c'est son cheminement en dents de scie qui commence à ressembler à une norme, avec des écarts qui peuvent avoisiner les 10% en une seule journée.

Le bitcoin, rappelons-le, est une monnaie virtuelle décentralisée, dont l'existence et la valeur ne reposent pas sur un État ou une banque centrale, mais sur un système informatisé complexe et sur les transactions dont elle fait l'objet. Et même le terme «monnaie» est aujourd'hui fortement remis en question, tant le bitcoin est loin de ce qu'on attend d'un tel mode de paiement - à commencer par la facilité et la rapidité d'utilisation.

La plus connue des cryptomonnaies, qui n'était déjà pas acceptée par beaucoup de commerçants, a encore perdu de son attrait comme moyen de paiement cette année avec l'intensité de ses fluctuations. Pourquoi dépenser ce qui pourrait valoir tellement plus cher la semaine prochaine? La valeur de cette devise apatride apparue il y a moins de 10 ans a toujours été spéculative, mais sa popularité comme instrument de spéculation a explosé en 2017. C'est d'ailleurs sa seule étiquette incontestable pour l'instant.

Les manifestations d'intérêt en provenance de milieux financiers traditionnels ne doivent absolument pas être vues comme des cautions. Elles ont cependant alimenté la fièvre des derniers mois.

Des contrats à terme sur le bitcoin ont commencé à se négocier cet automne sur les plateformes CME et CBOE de Chicago, et l'on s'attend à ce que d'autres opérateurs boursiers s'y mettent. Des firmes en vue de Wall Street, dont Goldman Sachs, Morgan Stanley et Citigroup, ont aussi exprimé une certaine ouverture à l'égard des cryptomonnaies. L'année 2018 sera-t-elle celle d'une reconnaissance officielle du bitcoin et d'autres monnaies chiffrées apparues dans son sillage? Certains le prédisent déjà, mais rien n'est moins sûr.

La valeur et la stabilité de ces instruments demeurent sujettes aux mêmes chocs qui les ont ébranlés dans le passé. Le piratage et la disparition de plateformes, s'ils ne touchent qu'une fraction des détenteurs, jettent une douche froide sur les cours. Sans oublier les autorités réglementaires nationales, toujours inquiètes que les cryptomonnaies puissent faciliter l'évasion fiscale, le blanchiment d'argent, les achats illégaux de toute nature et la fraude envers les petits épargnants. Leurs interventions sont impossibles à prévoir et ont des effets bien au-delà de leurs frontières. Le désir de freiner la spéculation exprimé récemment par le gouvernement sud-coréen a plombé le bitcoin et les titres de plusieurs entreprises associées aux cryptomonnaies, rapportait hier l'agence Bloomberg.

Bref, aussi intéressant et innovateur soit ce concept de cryptomonnaies, il n'y a absolument aucune garantie quant à celles qui sont aujourd'hui en circulation. L'avenir de la technologie sous-jacente, la fameuse chaîne de blocs (blockchain en anglais), semble nettement plus clair. De nombreuses entreprises commencent à s'y intéresser pour des usages aussi divers que l'enregistrement de contrats ou la traçabilité alimentaire, et des fournisseurs comme IBM proposent déjà des services à leurs clients. Dans la frénésie digne d'une ruée vers l'or à laquelle on assiste actuellement, c'est le filon qui semble, de loin, le plus solide.

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