Les Québécois pourront voir leurs résultats de tests et leurs ordonnances de médicaments en ligne d'ici l'été prochain, a annoncé le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, cette semaine. On est encore bien loin du dossier médical complet, mais c'est un premier pas vers le patient... et le XXIe siècle.

Dans un premier temps, les patients auront seulement accès aux principaux éléments du fameux Dossier santé Québec (DSQ), soit les médicaments obtenus en pharmacie, les résultats de tests de laboratoire et les rapports d'imagerie médicale. 

N'empêche, c'est déjà un net progrès par rapport à la situation actuelle, dont nous avons déjà dénoncé le ridicule.

Le DSQ, rappelons-le, est réservé aux professionnels autorisés. Si vous voulez voir les données qui vous concernent, vous devez : 

- faire une demande d'accès à l'information ;

- utiliser le formulaire ;

- retourner ledit formulaire par la poste ou par télécopieur.

Et ce qu'on vous enverra ne sera qu'un polaroïd des renseignements disponibles au moment de votre demande. Le Carnet santé, lui, sera alimenté au fur et à mesure (avec un délai de 30 jours pour que le patient puisse apprendre les résultats de son médecin, et non les recevoir seul devant son écran) et pourra être consulté depuis un ordinateur, une tablette ou un simple téléphone intelligent. Pour relire son résultat d'IRM à tête reposée, ou en faire part à son physiothérapeute, c'est quand même plus pratique que d'avoir à demander une copie au médecin ou à la clinique.

Bien sûr, il faudra voir comment se passe le projet-pilote, annoncé pour le début de janvier, et le déploiement dans toute la province, promis d'ici la fin du printemps. Sur le fond, toutefois, le bien-fondé du projet ne fait aucun doute. 

Il est grand temps que le système de santé s'ouvre aux patients et leur donne facilement accès aux informations qui les concernent. 

La popularité de ce Carnet santé sera d'ailleurs proportionnelle à la quantité d'information qu'ils y retrouveront. Le ministre a évoqué l'ajout d'autres contenus, comme le carnet de vaccination et les notes des médecins, sans toutefois avancer de dates. Certains obstacles sont techniques (des informations encore consignées sur papier), d'autres ont trait à l'ampleur du changement (rendre le dossier médical accessible en continu alors qu'il l'a toujours été, au mieux, de façon ponctuelle, lorsque le patient en faisait la demande officielle).

On peut comprendre la réticence des médecins et d'autres professionnels à donner accès au contenu d'un dossier qui, traditionnellement, est surtout consulté par des initiés. Mais cela se fait déjà dans des milieux cliniques aux États-Unis et même au Canada, notamment à l'hôpital torontois Sunnybrook. Et des recherches ont montré que des patients y voient une grande utilité. Pouvoir relire leurs résultats et les notes de leur médecin leur permet de les partager avec leurs proches, de se préparer aux prochaines étapes et de s'impliquer davantage dans leur traitement. 

Quand on sort du bureau du médecin avec l'impression de n'avoir pas tout compris, tout retenu ou tout demandé, il est rassurant de pouvoir revoir tout ça chez soi à tête reposée, en faisant quelques recherches au besoin.

Deux autres fonctions sont déjà prêtes à être intégrées au Carnet québécois, soit l'inscription au guichet d'accès pour les patients qui n'ont pas de médecin de famille, et la gestion des rendez-vous avec Rendez-vous santé Québec (RVSQ) pour ceux qui en ont un. Mais pour l'instant, seules deux régions, Laval et Québec, affichent des cliniques participantes au RVSQ, et seules les supercliniques ont l'obligation d'y adhérer. Il est donc impossible de prédire combien d'établissements adopteront ce portail gouvernemental centralisé, d'autant que certains ont déjà leur propre système. Cela dit, peu importe qui fournit la solution informatique, une chose est sûre : prendre ou annuler un rendez-vous médical en ligne plutôt que de poireauter au téléphone devrait être considéré comme un service de base et non une option - des études ont d'ailleurs constaté une réduction du taux de rendez-vous manqués avec les systèmes en ligne, ce qui est aussi avantageux pour le médecin et sa clinique.

Bref, il est grand temps que notre système du santé rattrape ses patients, et arrive au XXIe siècle.

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