La popularité touristique de Barcelone souffrira-t-elle de l'attaque au camion-bélier sur La Rambla ? Une semaine après les événements, c'est encore tôt pour le dire, mais les premiers signes sont encourageants. Ici comme en plusieurs autres destinations victimes d'attentats ces dernières années, les voyageurs continuent à affluer. Une défaite majeure pour les terroristes.

Comme les temps changent.

En avril dernier, la première ministre britannique Theresa May avait déclenché quelques rires en déclarant, non sans lapsus : « Nous voulons être des leaders mondiaux en matière de prévention du tourisme. »

Les activistes espagnols qui, l'année précédente, écrivaient : « Touriste : tu es le terroriste » sur un mur de Palma, eux, savaient ce qu'ils faisaient. Les gestes de protestation contre l'afflux de visiteurs étrangers se sont multipliés dans plusieurs villes d'Espagne, notamment à Barcelone, où le détournement d'appartements en location de courte durée suscite de vives inquiétudes. Des individus masqués ont même immobilisé un autobus de touristes dans la capitale catalane. C'était à la fin juillet, autant dire à une autre époque. Depuis, les attentats de Cambrils et de Barcelone ont fait 15 morts et plus de 125 blessés, et rendu les jeux de mots obsolètes. Les terroristes nous ont rappelé leur véritable nature, cruelle et dénuée de toute affection pour les endroits qu'ils visitent.

Comme chaque fois, les témoins à distance que nous sommes tous ont regardé les images avec horreur, partagés entre le découragement et l'indignation.

Ne pas céder à la peur demeure le mot d'ordre et sur ce terrain, les terroristes accumulent les défaites.

La plupart des destinations touristiques européennes frappées de plein fouet ces dernières années n'ont pas subi de recul durable. Même Paris qui, un an après les attentats de novembre 2015, accusait une baisse notable des arrivées internationales, a regagné en popularité depuis. Même l'Angleterre, qui a encaissé trois attaques spectaculaires durant la première moitié de l'année, continue de faire recette.

Oui, en ce moment, Barcelone s'en ressent. Les restaurants et les magasins ont vu leurs ventes baisser, les hôtels enregistrent des annulations. Les réservations continuent néanmoins d'entrer, signalent les reportages locaux.

Les touristes ne sont évidemment pas indifférents aux violences. Une partie de la popularité de l'Espagne s'explique par le retrait de destinations jugées moins sûres comme la Turquie, la Tunisie ou l'Égypte. Plus largement que le terrorisme, toutefois, c'est le sentiment d'insécurité, alimenté aussi par d'autres facteurs comme l'instabilité politique, qui fait fuir les vacanciers. Aucun pays ne peut prétendre être capable de déjouer tous les complots, mais ceux qui sont capables d'inspirer confiance ont plus de chances de restaurer une impression de normalité.

Il faudra plusieurs mois avant de pouvoir mesurer la résilience économique de Barcelone. Sauf qu'en cette année où l'Espagne, et la capitale catalane au premier chef, bat des records d'affluence, il y a fort à parier que 2017 se soldera quand même par une croissance. Même chose pour le Royaume-Uni, destination attrayante mais coûteuse, qui gagne en popularité depuis que le Brexit a fait chuter sa devise.

S'attaquer à une destination touristique peut être tentant pour des esprits tordus en quête de visibilité, mais ça n'a aucun impact durable.

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