Le président Trump a beau avoir tourné le dos à l'accord de Paris, ça ne stoppera pas la transformation de l'économie américaine. Les grandes entreprises, elles, continuent à aller de l'avant.

«Une grave blessure économique auto-infligée» : voilà comment Donald Trump a qualifié la ratification de l'accord de Paris dans son discours de jeudi dernier. Une perception qui est cependant loin de faire l'unanimité chez les principaux intéressés.

On a beaucoup parlé des réactions des autres pays signataires, mais les milieux d'affaires américains n'ont pas été en reste.

Lettres, publicités pleine page dans les journaux, déclarations sur Twitter : les multinationales ont multiplié les sorties pour prévenir puis, à défaut, critiquer le retrait américain.

Les grands patrons de Tesla et de Disney ont claqué la porte du fameux Strategic and Policy Forum censé conseiller le président Trump. Et le PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, s'est fendu d'un premier gazouillis, six ans après l'ouverture de son compte Twitter. Mais plus encore qu'en paroles, c'est dans l'action que la dissidence sera la plus visible.

Près de la moitié des plus grandes sociétés américaines classées dans le Fortune 500 se sont fixé au moins un objectif en termes de climat ou d'énergie propre, et plus d'une vingtaine se sont engagées à se convertir entièrement aux énergies renouvelables, signale le New York Times. Parmi celles-ci, on trouve des acteurs technos comme Google, mais aussi des représentants de secteurs traditionnels, comme Walmart.

Pour de nombreuses entreprises, c'est plutôt s'éloigner de l'accord de Paris qui ferait mal.

Il faudra voir si les consommateurs étrangers, par exemple en Europe, se mettront à bouder les marques américaines - ce n'est pas certain. Ce qui est sûr, par contre, c'est que les fournisseurs qui ne répondront pas aux nouvelles exigences des grands clients publics et commerciaux verront leur marché potentiel se rétrécir.

Donald Trump était tout fier de mentionner qu'il avait été invité à l'inauguration d'une nouvelle mine de charbon. Par contre, il s'est bien gardé de parler des centrales au charbon qui ont été fermées ou converties au gaz naturel. Et des fournisseurs d'électricité qui n'ont pas l'intention d'en construire de nouvelles parce que les grands clients demandent de l'énergie propre - comme le solaire et l'éolien, des secteurs en croissance qui créent des milliers d'emplois.

Qu'il s'agisse des émissions d'un véhicule motorisé destiné à l'exportation ou de l'empreinte carbone d'un produit ou d'une chaîne d'approvisionnement, ces questions-là vont se poser de plus en plus, y compris par les actionnaires.

Le désaveu de Donald Trump reste une très mauvaise décision, qui risque de conforter les retardataires dans leur inertie. Il serait toutefois étonnant qu'il réussisse à convaincre les entreprises ayant déjà amorcé leur virage de faire marche arrière, car rien ne leur garantit que le prochain président continuera dans la même direction.

Ce sont les leaders du milieu des affaires, avec les maires et les gouverneurs, qui atteindront les cibles de réduction que les États-Unis s'étaient données à Paris en 2015, a promis le milliardaire et ex-maire de New York, Michael Bloomberg.

Ce serait un pied de nez bien mérité.

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