À moins d'un mois du référendum fatidique, l'option de rester dans l'Union européenne semble prendre le dessus au Royaume-Uni. Souhaitons que la tendance se confirme et se renforce.

Le scénario du Brexit (contraction de Britain et « exit ») apparaît moins probable qu'en début d'année. Non seulement une majorité d'électeurs prévoient voter pour la continuité, mais des groupes auparavant favorables au Brexit ont viré au Bremain (contraction de Britain et « remain »), suggère le dernier sondage ORB réalisé pour le Daily Telegraph. L'option aurait maintenant l'appui de la majorité des hommes, de l'électorat du Parti conservateur et des citoyens de plus de 65 ans.

Ces chiffres publiés il y a une semaine ont donné un regain à la livre sterling, mais l'incertitude est loin d'être dissipée. Si l'option de rester dans l'Union européenne est en avance dans les sondages téléphoniques, les résultats des sondages en ligne sont plus serrés et n'excluent pas une victoire du Brexit, souligne l'agence Reuters. Quelles enquêtes reflètent le mieux les réelles intentions de vote ? Beaucoup de gens, y compris les preneurs aux livres, donneraient cher pour le savoir. Malheureusement, le doute risque de perdurer jusqu'au 23 juin.

D'innombrables voix ont appelé au maintien du Royaume-Uni dans l'UE, avec raison. La dernière chose dont l'économie mondiale a besoin ces temps-ci, c'est d'une source d'incertitude supplémentaire.

Or, c'est exactement ce que le triomphe du Brexit infligerait aux Britanniques, au reste de l'Europe et, par ricochet, à l'ensemble des économies développées.

Les opposants à l'UE font miroiter une nation plus agile, parce que libérée de Bruxelles. La seule certitude, c'est qu'un vote pour le Brexit déclenchera une période de transition dont la longueur et l'issue demeurent incertaines. En plus d'avoir à négocier un nouveau cadre avec l'UE, le Royaume-Uni devra développer ses propres accords avec les différents partenaires commerciaux de l'Union. Avoir conservé sa devise lui épargnera certaines démarches, mais elle ne l'exemptera pas de revoir ses lois et règlements imbriqués à la législation européenne au fil des décennies. Il faut se méfier des panneaux réclame au bord des autoroutes : cette sortie de l'UE que nul n'a jamais empruntée débouche en réalité sur un chemin de terre cahoteux dont on peine à estimer la distance tant il est obstrué par la broussaille législative et bureaucratique.

Toutefois, ce genre de démonstration ne garantit en rien le triomphe de l'appartenance à l'UE. Au contraire, le fait que cette option soit défendue par tant de voix associées au pouvoir et à la finance joue même contre elle auprès d'une part non négligeable de l'électorat, fâché contre ces « élites » insensibles à ses préoccupations. La publication, jeudi dernier, de statistiques montrant que les migrations nettes ont encore augmenté en 2015 risque ainsi de résonner bien davantage que n'importe quel plaidoyer libre-échangiste.

Les Britanniques désireux de rester au sein de l'Union européenne devront donc se montrer particulièrement enthousiastes et convaincants au cours des prochaines semaines, afin de s'assurer que la balance penche du bon côté le jour du référendum.

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