La loi québécoise sur l'aide médicale à mourir donnera bientôt plus de choix aux malades en fin de vie. Mais pour que les patients aient accès à ces soins, des efforts de sensibilisation importants devront être faits auprès des médecins et des infirmières. En effet, même des procédures en vigueur depuis des années demeurent méconnues, montre une étude parue récemment dans Le médecin de famille canadien.

«Il est surprenant de voir qu'une vingtaine d'années après que la cessation de traitement à la demande du patient ait été autorisée au Québec, près de la moitié des répondants aient cru qu'elle restait à légaliser», notent la Dre Isabelle Marcoux et ses collègues dans l'édition d'avril.

Les répondants (271 médecins, infirmières et infirmières auxiliaires québécois) étaient appelés à se prononcer sur des cas fictifs. Ils devaient indiquer si les pratiques décrites étaient légales, ou le deviendraient avec la Loi concernant les soins de fin de vie.

Une autre pratique (augmenter la dose d'opiacés pour soulager un patient en phase terminale, même si cela risque d'écourter sa vie) a été considérée à tort comme illégale par près de 20% des répondants. Détail étonnant, les participants qui soignent des mourants n'avaient pas des meilleures réponses.

Même si cette enquête n'est pas un sondage représentatif, ses résultats sont préoccupants. Les volontés des malades sont-elles toujours respectées? Reçoivent-ils tous les traitements contre la douleur auxquels ils auraient droit? On se le demande, d'autant que la sédation palliative terminale n'est pas disponible partout.

La Loi concernant les soins de fin de vie qui doit entrer en vigueur en décembre ajoutera à la complexité. Certes, la démarche a été exemplaire. La loi a été rédigée et adoptée au terme d'un long travail de réflexion et de consultation, et Québec s'est donné 18 mois de plus pour préparer son application. Pas moins de trois guides ont été préparés par le Collège des médecins pour encadrer les pratiques. Celui sur l'aide médicale à mourir est évidemment le plus attendu, mais celui sur la sédation palliative, qui vise à clarifier et à uniformiser les pratiques existantes, sera aussi très utile. Les guides seront présentés en juin. Les médecins, infirmières et autres professionnels de la santé appelés à donner ces soins devraient donc avoir le temps de suivre la formation requise et les établissements, de s'organiser.

Il sera toutefois important de ne pas s'arrêter là, et de s'assurer que tous les soignants susceptibles d'être en contact avec des patients en fin de vie soient bien au fait de ces pratiques. Car même si celles-ci ont été abondamment débattues ces dernières années, la plupart des citoyens n'en sont pas des experts. Pour pouvoir faire les bons choix - ceux avec lesquels ils seront en paix -, les malades et leurs proches auront, plus que jamais, besoin d'être éclairés et accompagnés.

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