Les résidences pour aînés existantes auront cinq ans pour se munir de gicleurs automatiques, a annoncé hier le ministre du Travail, Sam Hamad. Il était temps!

Les victimes de L'Isle-Verte ne sont pas les premières à connaître une fin aussi choquante. Et le rapport du coroner Delâge n'est pas le premier à réclamer des gicleurs, ou à en souligner l'utilité, dans les résidences pour aînés (RPA). Qu'il ait fait fallu 32 morts d'un coup pour que cette mesure recommandée depuis une vingtaine d'années devienne la norme est assez consternant. Mais au moins, c'est fait.

Seuls les très petits bâtiments seront exemptés, à condition de répondre à certains critères facilitant l'évacuation. Les quelque mille autres résidences visées auront cinq ans pour se conformer. Un chantier de 220 à 260 millions de dollars, estime le ministre, qui a promis un soutien financier. Combien? Sam Hamad n'a rien voulu dire, évitant ainsi toute information susceptible de faire de l'ombre à son annonce.

C'est dommage, car le financement de ces travaux est loin d'être un détail. C'est précisément la raison pour laquelle on a tant tardé à les imposer. Les propriétaires de RPA ont le droit de savoir à quoi s'en tenir. Malheureusement, ils devront patienter jusqu'au budget.

Cela dit, ça ne change rien au bien-fondé de la décision. Les systèmes de gicleurs n'offrent pas une protection absolue, mais ils ralentissent la propagation des flammes, laissant plus de temps pour l'évacuation. Quand on est tiré de son sommeil au milieu de la nuit, qu'on a de la difficulté à se déplacer et que les pompiers se trouvent à plus de 10 minutes de route, cela peut faire la différence entre survivre et succomber à un incendie.

Nous sommes bien conscients que des résidences pourraient renoncer à leur certification (donc à offrir des services), ou même fermer, pour se soustraire à cette nouvelle exigence. Des personnes âgées pourraient devoir déménager et s'éloigner de leurs proches. Sauf que le statu quo n'est pas plus acceptable. En laissant la présence de gicleurs à la discrétion des propriétaires, on a créé deux classes de résidants. On a vu ce que ça donnait à L'Isle-Verte.

Le plus incroyable, c'est que malgré une longue liste de sinistres où les gicleurs ont été déterminants, on a continué à bâtir des RPA qui en étaient dépourvues. En Ontario, c'est interdit depuis plus de 16 ans. Ici, il aura fallu le traumatisme de L'Isle-Verte pour que le Code de construction soit enfin resserré.

Il a beaucoup été question de gicleurs ces dernières années. Trop, disent certains. Pour notre part, nous aurions préféré que toutes les RPA québécoises soient déjà sécuritaires et, donc, qu'il n'y ait pas lieu d'en discuter. Souhaitons que les changements annoncés hier se fassent rapidement, et qu'on puisse enfin passer à autre chose. D'autres lacunes, notamment dans la formation des employés et dans les services de pompiers à temps partiel, doivent être corrigées si on veut s'éviter d'autres drames.

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