Montréal veut que les commerces de certaines rues du Plateau Mont-Royal puissent demeurer ouverts plus tard la fin de semaine. Québec ne peut qu'être d'accord.

Le conseil municipal a adopté hier une résolution demandant au ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations de prolonger les heures d'ouverture jusqu'à 20h le samedi et le dimanche. La mesure s'appliquerait aux territoires des sociétés de développement commercial (SDC) du boulevard Saint-Laurent, de la rue Saint-Denis et de l'avenue du Mont-Royal, ainsi que sur une partie des rues Rachel et Duluth. L'objectif est d'augmenter les ventes sur ces artères durement éprouvées. Le résultat n'est pas garanti, mais il n'y a aucune raison de ne pas tenter le coup.

La Loi sur les heures et les jours d'admission force la plupart des établissements (sauf les pharmacies et les commerces reliés à l'alimentation) à fermer à 17h les samedis et dimanches. Les zones touristiques peuvent toutefois se voir octroyer des dérogations. C'est le statut que ces artères cherchent à obtenir.

L'idée peut sembler étonnante, mais elle se défend. La moitié des voyageurs d'agrément qui passent au moins deux nuits en ville visitent le Plateau Mont-Royal. Le nombre moyen de touristes sur les trois principales artères du projet a augmenté de 10% en 10 ans. On peut bien penser ce qu'on veut du magasinage, mais comme le rappellent les SDC, c'est une activité très populaire qui fait partie de l'expérience touristique.

Cependant, tous les commerces n'attirent pas les touristes. Pour que l'élargissement des heures d'ouverture ait un effet perceptible, il faudra que d'autres clientèles y trouvent leur compte.

À 3$ l'heure de parcomètre, il ne faut pas s'attendre à ce que les habitants des banlieues désertent leurs centres d'achats pour le Plateau. Par contre, s'ils viennent souper ou prendre l'apéro dans le coin, ils en profiteront peut-être pour faire les boutiques. L'horaire étendu permettrait aussi aux résidants du quartier d'effectuer une plus grande part de leurs achats près de chez eux.

Ce sera à chaque marchand d'évaluer si les ventes supplémentaires justifient les frais encourus. Car, contrairement aux locataires des centres commerciaux, qui doivent se conformer aux heures d'affaires dictées par les exploitants, les détaillants qui ont pignon sur rue ne seront pas contraints par les nouvelles heures. On le voit au centre-ville, dont une partie a le statut de destination touristique depuis six ans. Certains commerces modifient leur horaire durant des événements spéciaux, comme le Grand Prix et les finales de la Coupe Stanley, mais tous ne sont pas ouverts tous les soirs de week-end.

Bref, le ministre de l'Économie, Jacques Daoust, doit dire oui sans hésiter. Si Montréal avait un statut de métropole, elle aurait le pouvoir d'encadrer les heures d'ouverture sur son territoire. Souhaitons qu'elle l'obtienne rapidement, et n'ait plus à quémander de permission pour de tels détails d'intendance.

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