Les jeux d'argent et de hasard sont moins populaires qu'avant au Québec, et le jeu pathologique ne concerne qu'une minorité de joueurs, montre une vaste étude dont nous avons obtenu copie. Ils ne sont cependant pas les seuls à avoir des problèmes de jeu. Il faut aussi s'intéresser aux joueurs à risque.

Deux adultes québécois sur trois (66,6 %) ont dépensé de l'argent à un jeu de hasard en 2012. C'est un peu moins qu'en 2009 (70,5 %) et en 2002 (81 %), montre l'ambitieuse recherche menée par Sylvia Kairouz et Louise Nadeau.

La majorité (97,3 %) n'ont pas de problème de jeu ou sont considérés à faible risque. Et moins de 1 % ont été identifiés comme joueurs pathologiques probables. « Tant qu'on reste collés sur ce 1 %, on peut toujours prétendre qu'il n'y a pas de problèmes », prévient Sylvia Kairouz.

Ces cas extrêmes ne doivent pas faire oublier les 2,1 % de joueurs à risque modéré. Le pourcentage, bien que minime, représente tout de même près de 90 000 Québécois. Si l'on veut faire une analogie, on pourrait comparer les joueurs pathologiques à des alcooliques ayant besoin d'un traitement, et les joueurs à risque modéré à des buveurs qui prennent une solide cuite à l'occasion : beaucoup n'iront jamais plus loin, mais certains pourraient un jour déraper. Une catégorie diversifiée où l'on retrouve aussi bien des joueurs à risque stabilisés que d'anciens joueurs pathologiques encore vulnérables ou des joueurs dont les problèmes récents pourraient s'aggraver ou se résorber.

C'est précisément dans ce groupe qu'on voit le plus de mouvement, ont constaté les chercheurs après avoir suivi plus de 137 joueurs durant un peu plus deux ans. Contrairement aux cas sans problèmes ou à faible risque, qui sont très stables, la situation des joueurs à risque modéré est la plus susceptible d'évoluer, pour le meilleur ou le pire. D'où l'intérêt de la prévention.

Rejoindre les personnes à risque n'est cependant pas une mince tâche. Non seulement les problèmes de jeu sont peu répandus, mais ils sont plus faciles à dissimuler que d'autres dépendances.

On a quand même des indices. Non seulement les adeptes d'appareils de loterie vidéo et de jeu en ligne dépensent davantage, mais ils sont plus à risque de développer un problème de jeu, montre l'enquête. On compte aussi davantage de personnes ayant un faible niveau de scolarité, un faible revenu ou n'ayant pas d'emploi chez les joueurs pathologiques et à risque modéré.

La prévention ne se résume pas à donner des leçons aux gens en leur disant quoi ne pas faire. Il faut aussi avoir la décence de ne pas aggraver la situation. Développer des produits et des publicités ciblant une clientèle moins éduquée et concentrer les appareils de loterie vidéo dans les quartiers moins favorisés peut être tentant, puisque les joueurs vulnérables dépensent davantage. Mais si on les fait basculer dans le jeu pathologique, on n'aura rien gagné. C'est un risque dont Loto-Québec doit tenir compte dans ses stratégies.

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