Un an après le FMI, l'OCDE reconnaît l'inexactitude de ses prévisions durant la crise. Un mea culpa qui nous rappelle les limites de ce genre d'exercice et la nécessité de considérer de telles perspectives parmi un ensemble d'informations, et non comme une lecture infaillible de l'avenir.

En sous-estimant la gravité de la situation en 2008-2009 et en surestimant la reprise, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a envisagé la croissance des années 2007 à 2012 de façon trop optimiste. Les prévisions pour cette période présentent des erreurs moyennes de 0,1% à 1,4%, indique l'organisme dans un rapport publié mardi.

Le Fonds monétaire international (FMI), on s'en souvient, avait fait l'objet du même genre d'aveu en janvier 2013. Le rapport indépendant co-signé par son économiste en chef, qui reconnaissait avoir sous-estimé les effets négatifs de l'austérité sur la croissance, avait fait grand bruit.

L'OCDE n'a cependant pas trouvé le même genre de problème dans ses calculs, du moins lorsqu'on isole la Grèce de l'équation. La nature humaine, par contre, lui a donné du fil à retordre.

«Les prévisions mettent parfois en évidence des tendances non viables, et la nécessité de changer des politiques. Si le conseil n'est pas suivi, une erreur risque de se glisser», écrit en substance l'organisation.

Aurait-il fallu se montrer plus cynique?

«En tant qu'organisation intergouvernementale, il ne serait pas responsable de mettre un scénario très négatif en avant si celui-ci n'est pas le plus probable», nous a fait valoir par courriel le conseiller principal au chef économiste, Sebastian Barnes. «En revanche, nous avons un devoir de clairement expliquer ce risque s'il existe.»

C'est ce que l'OCDE a fait pour la première fois à l'automne 2011, en traitant des conséquences de plusieurs scénarios possibles quant à la crise de la zone euro.

L'organisation de 34 pays membres a effectué divers autres changements à ses méthodes de prévision, en s'efforçant par exemple d'identifier les risques internationaux plus tôt, et en utilisant davantage de données provenant de contacts avec des entreprises.

***

Maintenant que des économistes de l'OCDE et du FMI ont non seulement reconnu, mais documenté leurs erreurs, il est facile de les blâmer, ou de les prendre en exemple pour discréditer toute forme de prévision économique.

C'est oublier un peu vite l'état d'esprit qui régnait durant la crise. Du chef d'État au chef d'entreprise, du petit épargnant au simple travailleur, tout le monde voulait savoir combien de temps durerait cette tempête d'une intensité jamais vue depuis les années 30. Et aucune organisation sérieuse ne voulait courir le risque d'aggraver le sentiment d'insécurité général en noircissant le tableau inutilement.

Lorsque la visibilité est nulle, chacun se cherche des sources d'éclairage. Mais il faut être conscient que c'est aussi dans ces moments-là que les prévisions sont les moins fiables.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion