Comme l'avait annoncé le gouvernement Harper, le discours du Trône a beaucoup promis aux consommateurs. Les gains qu'on nous a fait miroiter hier ne seront cependant pas faciles à réaliser, et au moins un engagement brillait par son absence.

Les conservateurs ont appris à la dure avec le cellulaire. Même après plusieurs mesures pour intensifier la concurrence, les trois principaux fournisseurs contrôlent toujours 90% du marché et leurs tarifs demeurent parmi les plus élevés au monde. Le gouvernement promet maintenant de s'attaquer aux frais d'itinérance. Ça tombe bien, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a déjà commencé à préparer le terrain en demandant aux fournisseurs d'expliquer leurs ententes et leurs pratiques. 

Ce n'est pas la seule initiative du CRTC qui tombe à pic. Le Conseil doit lancer une consultation sur l'avenir de la télévision à la fin du mois, ce qui permettra d'ouvrir la discussion sur une autre promesse faite hier: permettre aux abonnés des services de télé par câble et par satellite de créer leur forfait sur mesure, en exigeant que les chaînes soient dissociées. Bonne chance!

L'exemple du Québec, où les formules dites «à la carte» sont plus répandues qu'ailleurs au Canada, prouve qu'il y a moyen de faire mieux. Ces forfaits restent toutefois grevés de nombreuses conditions. On est encore loin de ce que veulent les clients, c'est-à-dire payer seulement pour les chaînes qu'ils regardent. Malheureusement, ce n'est pas pour demain. Ottawa, en effet, trouvera un obstacle de taille sur sa route: sa propre Loi sur la radiodiffusion, qui impose un service de base (stations diffusées par ondes hertziennes, réseau autochtone, canal d'affaires publiques, etc.) à tous les abonnés. Pour offrir un vrai service à la carte, le gouvernement Harper devra passer sur le corps des chaînes moins populaires, qui perdront des abonnés et des revenus. Sans oublier les producteurs qui y vendent leurs émissions, et les artisans qu'ils font travailler. Plus facile à dire qu'à faire. 

Est-ce pour cela que le discours du Trône est resté muet sur le sort des passagers aériens? La rumeur avait pourtant laissé entrevoir la possibilité d'un code offrant des indemnités automatiques aux voyageurs laissés en rade par la survente ou l'annulation de vols. Certes, présenter une telle loi après avoir défait celle du NPD, comme les conservateurs l'ont fait au printemps, aurait eu l'air terriblement opportuniste. Mais ce ne sont pas les passagers qui s'en seraient plaints.

On a choisi des cibles plus modestes (frais pour les relevés en papier), plus floues (services bancaires sans frais, prix plus élevés qu'aux États-Unis) ou essentiellement cosmétiques (divulgation des frais associés aux différents modes de paiement). 

Toutes ces promesses exigeront néanmoins des efforts et des tractations considérables. Il faudra voir ce que ce gouvernement sera capable de faire d'ici la fin de son mandat.

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