Le nouveau gouverneur de la Banque du Canada a présenté hier un premier Rapport sur la politique monétaire dans la continuité de ceux de son prédécesseur, en faisant preuve d'encore plus de prudence si c'est possible.

«Au Canada, la croissance économique devrait être volatile à court terme, en raison de facteurs temporaires inhabituels», a prévenu Stephen Poloz.

Comme on s'y attendait, le taux directeur demeure à 1%. Et si l'on se fie aux indications données hier, ce n'est pas près de changer. Car si les facteurs évoqués sont les mêmes qu'en avril et en mai, ils ne sont plus seulement présentés à titre explicatif, mais comme des conditions à surmonter. Tant que les capacités inutilisées demeureront importantes, que les prévisions d'inflation seront faibles et que les ménages continueront à nettoyer leur bilan, le faible taux actuel sera de mise, note le rapport. Bref, il reste du chemin à parcourir avant que la banque centrale ne ramène son taux directeur à des niveaux plus normaux. D'autant que ce chemin est «très conditionnel» et que le retour à la normalité s'annonce «très graduel», a souligné le nouveau gouverneur.

La Banque estime maintenant que l'économie canadienne progressera de 1,8% pour l'année 2013, soit 0,3 point de plus que dans son précédent rapport. Une vision très proche d'autres perspectives entendues récemment, dont celles du FMI et d'une trentaine d'économistes sondés par Reuters (tous deux à 1,7% après une légère révision à la hausse).

Pour l'année prochaine, par contre, l'institution canadienne demeure nettement plus optimiste. Là où le FMI ne voit que 2,2% et les économistes sondés par Reuters 2,3%, elle projette une croissance de 2,7%. On préférerait évidemment que ce soit elle qui ait raison. Toutefois, compte tenu de la volatilité évoquée, et du mouvement de yoyo observé dans les projections trimestrielles de l'année en cours, il n'est pas conseillé de retenir son souffle.

L'analyse de deux événements survenus à la fin juin montre d'ailleurs toute la fragilité des tendances actuelles. Les inondations survenues en Alberta conjuguées à la grève dans le secteur de la construction au Québec ont freiné la croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,3% au deuxième trimestre, estime la Banque. La reprise des activités devrait heureusement doper le trimestre en cours de 1,8%... à condition que la tragédie de Lac-Mégantic et les inondations monstres de Toronto n'aient pas un effet pire encore.

Contrairement à son prédécesseur, Mark Carney, M. Poloz n'a pas fait le point sur l'endettement des ménages dans son discours. Cette préoccupation demeure néanmoins bien présente dans le rapport de la Banque. Bien qu'elle s'attende à ce que le ratio de la dette au revenu demeure stable ou continue à diminuer, elle n'écarte pas la possibilité que les bas taux donnent un nouvel élan aux dépenses des ménages. Comme on le voit, cette embellie-là aussi demeure fragile.

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