Trouver qu'on a assez bu et partir du resto avec le reste de sa bouteille de vin? Voilà un choix responsable qu'on devrait pouvoir exercer en tout temps. Hélas, c'est impossible au Québec. La Loi sur les permis d'alcool l'interdit. Il est grand temps d'y remédier.

Obliger des clients à finir leur bouteille sur place sous peine de devoir l'abandonner, c'est carrément pousser à la consommation. Une aberration de la part d'un État qui, par ailleurs, dépense des fortunes pour convaincre ses citoyens de respecter la limite de 0,08 lorsqu'ils conduisent. Et ce n'est qu'un exemple. La législation encadrant les permis d'alcool est pleine de toiles d'araignées.

Profiter de la douceur d'une terrasse par une belle soirée d'été? Si vous êtes accompagné d'un enfant, et que l'établissement détient un permis de bar, votre sortie risque d'être écourtée. La présence des mineurs, fussent-ils endormis dans une poussette, est interdite après 20h.

Et que dire de l'obligation de commander un repas pour pouvoir boire un verre dans un restaurant? Encore faudrait-il s'entendre sur ce qu'est un repas. «Un ensemble d'aliments suffisants pour constituer le déjeuner ou le dîner d'une personne», nous dit la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques. Nous voilà bien avancés.

C'est sans compter tous les chichis imposés en coulisses aux commerçants. Par exemple, l'obligation de détenir un permis pour chacune des zones d'un même établissement où l'on sert des boissons (salle à manger, bar, terrasse, etc.). Ou encore l'interdiction de préparer des mélanges de boissons alcooliques à l'avance.

Le gouvernement Charest a bien essayé de donner un coup de balai dans tout ça, mais les élections ont envoyé son projet de loi aux oubliettes. Un an plus tard, on s'accroche toujours dans les mêmes toiles d'araignées.

Heureusement, le gouvernement Marois semble lui aussi convaincu de la nécessité de dépoussiérer l'encadrement des permis d'alcool. On y travaille et on a rencontré plusieurs groupes touchés par ces enjeux, nous dit-on au bureau du ministre de la Sécurité publique.

Il reste effectivement du travail à faire. Le projet précédent allait vraiment trop loin en permettant aux mineurs d'accéder aux terrasses des bars en compagnie de n'importe quel adulte - et non d'une autorité parentale, comme c'est le cas actuellement. Si l'on veut autoriser la présence de mineurs dans un espace de bar, il faut au moins que les adultes qui les accompagnent en soient responsables. On ne peut pas s'attendre à ce qu'un adulte de 18 ou 19 ans joue ce rôle auprès d'amis à peine plus jeunes que lui!

Par contre, l'idée d'une formation sur la vente responsable de l'alcool ne devrait pas être écartée, même si elle ne faisait pas l'affaire de tout le monde. Sensibiliser le personnel aux conséquences des boissons qu'ils servent ne peut pas faire de mal. D'ailleurs, 5 provinces, dont l'Ontario et la Colombie-Britannique, exigent déjà une telle formation.

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