Le gouvernement Marois cherche à combler des besoins très précis avec son nouvel appel d'offres de 15 000 places en garderie à 7$. Bonne idée, d'autant qu'il s'agit des dernières places à contribution réduite qu'il aura à créer pour tenir sa promesse électorale. Il devrait cependant permettre aux garderies privées non subventionnées de proposer leurs services.

Des établissements situés dans des secteurs défavorisés, ainsi qu'en milieu de travail ou d'études. Des places réservées aux poupons (moins de 18 mois), aux enfants handicapés ou à d'autres besoins spécifiques. La qualité de l'approche éducative et la place faite aux parents. Voilà quelques-uns des critères qui seront considérés dans l'attribution des nouvelles places à 7$.

Il faudra voir si la répartition finale correspond vraiment aux besoins identifiés, mais a priori, la démarche paraît nettement plus rigoureuse que celle utilisée lors de l'attribution des 18 000 places de 2008, sous la houlette du gouvernement libéral.

On ne voit donc pas quel grand péril Québec courrait en ouvrant son appel d'offres aux garderies privées non subventionnées ayant déjà pignon sur rue.

Si aucune ne présente le meilleur dossier de son secteur géographique, tant pis. Si certaines, par contre, se retrouvent sur le dessus de la pile après une évaluation rigoureuse, ce sera une bonne nouvelle pour les parents et leurs enfants. Ils auront accès à un projet encore meilleur que ce qui aurait été présenté dans le cadre de l'appel d'offres actuel.

La ministre de la Famille, hélas, n'en démord pas. En garderie privée, seules les nouvelles places seront considérées, et ne constitueront pas plus de 15% du total .

Nicole Léger ne cache pas sa préférence pour le modèle des CPE, des entreprises d'économie sociale sans but lucratif régies par des conseils d'administration composés d'une majorité de parents.

Sur ce point, évidemment, les garderies à but lucratif ne se qualifient pas. Mais pour le reste, rien ne prouve qu'elles soient incapables de répondre aux besoins. Or, s'il y a un critère qui devrait primer dans la répartition des places à contribution réduite, c'est bien celui-là - davantage, il nous semble, que le mode de gestion des établissements.

D'autant que cette réticence envers les garderies privées ne semble pas partagée par la clientèle. Dans la dernière enquête de l'Institut de la statistique publique sur le sujet, le mode de garde répondant le plus au souhait des parents était la garderie ou CPE à 7$ - le questionnaire ne faisait pas de distinction. Et les témoignages recueillis sur notre blogue tracent un portrait très nuancé des préférences des parents.

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Les garderies non subventionnées n'ont pas aidé leur cause en exigeant que leurs places soient subventionnées automatiquement, et en accusant l'État de concurrence déloyale - pas plus que la CAQ en reprenant ce discours, d'ailleurs.

Malgré l'amélioration du crédit d'impôt pour frais de garde en 2008, les parents préfèrent toujours les places à 7$. Pourtant, le nombre de places non subventionnées s'est presque multiplié par huit depuis. Pourquoi autant d'entrepreneurs ont-ils fait fi de la réalité du marché? Mystère. Mais les contribuables n'ont pas à payer pour ces analyses déficientes.

Les services des garderies non subventionnés devraient être considérés, et retenus s'ils sont les meilleurs. Ni plus, ni moins.

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