Faire plus avec moins? L'Agence de santé montréalaise évite d'employer ce cliché, mais il est certain que les restrictions imposées par Québec exerceront de fortes pressions sur le réseau.

Le précédent gouvernement avait décidé de plafonner l'augmentation des dépenses en santé et services sociaux à 5% par an. La marge de manoeuvre peut paraître confortable. L'ennui, c'est que le plus gros poste de dépense de l'État coûtait, jusqu'à récemment, presque 6% de plus par an en moyenne. Et, les patients peuvent en témoigner, ce n'est pas parce que les professionnels de la santé sont payés à ne rien faire.

Limiter la hausse des dépenses à 5% posait tout un défi. La réduire encore à 4,8% comme vient de le décréter le budget Marceau, encore plus. D'autant que la population et les besoins, pendant ce temps, continuent d'augmenter.

Il faut imaginer le budget de la santé comme une boule de pâte. Enlevez-en un peu et vous devrez appuyer un peu plus fort sur le rouleau pour remplir l'assiette. Ce faisant, vous réduirez l'épaisseur de l'abaisse, ce qui pourrait la faire craquer. Couvrir plus avec moins n'est pas sans risque.

C'est ce que l'agence montréalaise devra faire au cours des 16 prochains mois - avec 80 millions de moins d'ici avril, et autant l'an prochain. La direction l'admet, ce sera extrêmement exigeant.

Sur le fond, l'effort se justifie. Le budget de la santé représente une trop grande part de nos dépenses publiques pour qu'on le laisse enfler sans égard à la façon dont il est utilisé. Il pourrait financer davantage de services, nous en sommes convaincus et l'avons souvent fait valoir ici.

Divers projets, à Montréal et ailleurs, visaient déjà à améliorer les façons de faire, mais la commande de Québec ajoute une pression supplémentaire. Il faut que ça rapporte, et vite.

Cette obligation d'appuyer un peu plus fort sur le rouleau aidera peut-être à venir à bout de certaines résistances. Regrouper les achats, les centres de traitement informatiques et certaines fonctions administratives sont de bonnes idées, qui peuvent toutefois prendre du temps à se concrétiser. Réduire l'utilisation des coûteuses infirmières d'agence aussi. Si l'urgence budgétaire peut accélérer des changements souhaitables, tant mieux.

L'ennui, c'est que la recherche de gains rapides peut aussi amener à prendre de mauvaises décisions - celles qui sont possibles immédiatement au lieu de celles qui donneraient les meilleurs résultats.

L'agence promet que les gains d'efficacité ne se feront pas aux dépens de l'accessibilité et de la qualité des services. Ces effets indésirables, hélas, sont difficiles à prévenir. Au mieux, on en entend parler quand le mal est fait, lorsque des patients tombent dans une faille. Leur vigilance sera plus que jamais nécessaire pour s'assurer que l'argent manquant est récupéré dans l'administration, et non dans les soins.

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