Le plan d'action du nouveau ministre de la Santé Réjean Hébert n'a rien de flamboyant, mais il poursuit le virage amorcé vers une meilleure offre de soins en première ligne. C'est la chose à faire.

Six groupes de médecine familiale (GMF) de plus. Des dossiers médicaux électroniques pour tous les omnipraticiens qui en feront la demande. Des infirmières, nutritionnistes et autres professionnels de la santé supplémentaires pour donner le temps aux médecins de famille de voir plus de patients.

Rien de tout cela ne s'est mis en place par magie au lendemain du 4 septembre - le Dr Hébert n'a rien prétendu de tel d'ailleurs. Son annonce de dimanche est la suite logique des efforts entrepris depuis quelques années pour que les Québécois aient une meilleure porte d'entrée que les urgences dans le système de santé. Un travail de fond indispensable même s'il ne produit pas de résultats spectaculaires à court terme.

Le ministre Hébert, comme son prédécesseur du gouvernement libéral, s'est bien gardé de promettre un miracle aux urgences. Sage retenue, qui n'empêchera cependant pas cette réalité de le rattraper un jour ou l'autre. Comme le notait la protectrice du citoyen dans son rapport la semaine dernière, les mesures mises en place pour réduire l'attente permettent tout juste d'absorber l'augmentation du nombre de visites aux urgences.

C'est plutôt en première ligne que le tic-tac se fait entendre. La promesse électorale de trouver un médecin de famille à chaque Québécois d'ici quatre ans est maintenue et précisée. Au moins 750 000 patients orphelins devraient avoir un médecin d'ici deux ans, dont ceux qui souffrent de maladies chroniques, comme le diabète.

Même si ça ne défraie pas les manchettes, des patients qui s'inscrivent sur les listes d'attente finissent bel et bien par recevoir un appel. Plus de 100 000 Québécois auraient ainsi été pris en charge depuis un an, selon la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ).

N'empêche, les objectifs du ministre sont ambitieux puisqu'il n'est pas rare que même de nouveaux GMF n'aient pas de place pour de nouveaux patients. Réjean Hébert compte sur l'informatisation des dossiers médicaux et le soutien des autres professionnels de la santé (des investissements totaux de plus de 70 millions) pour augmenter la disponibilité des médecins. L'arrivée de nouveaux omnipraticiens, même s'ils ne peuvent consacrer qu'une partie de leur temps à suivre des patients, devrait aussi donner un coup de pouce.

Quant aux urgences, c'est aussi par la bande qu'elles risquent de venir hanter ce ministre spécialiste de la gériatre, car les efforts pour libérer des lits aux étages des hôpitaux mettent beaucoup de pression sur les personnes âgées et leurs proches. Les procédures actuelles, qui imposent des transferts à répétition aux aînés, devront être améliorées, car elles sont beaucoup trop perturbantes pour des personnes vulnérables.

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