Les jeunes Québécois mangent mal, ne bougent pas assez et sont trop gros, montre une vaste enquête de l'Institut de la statistique du Québec. Tous les jeunes? Non. Et si on veut vraiment améliorer la situation, il faut cibler ceux qui ont besoin d'aide.

S'inquiéter des moeurs des jeunes est un réflexe vieux comme le monde. On peut donc trouver effarant que près d'un élève du secondaire sur quatre soit sédentaire, et que moins d'un sur trois fasse assez d'activité physique pour être considéré actif. Déplorer qu'un sur deux ne consomme pas la quantité de produits laitiers recommandée, ou que deux sur trois ne mangent pas assez de fruits et légumes. On peut aussi s'étonner qu'un sur trois ingurgite des boissons sucrées, des grignotines ou des sucreries presque tous les jours, ou de la malbouffe au resto trois fois par semaine. Ou ne pas s'étonner qu'un sur cinq affiche un surplus de poids...

Avant de sauter aux conclusions, toutefois, il faut regarder les chiffres de plus près. L'enquête publiée hier porte sur plus de 63 000 élèves du secondaire. Ils ne forment pas une tribu homogène, loin de là.

Les élèves de milieux très favorisés sont plus portés sur l'activité physique et moins sur la malbouffe que ceux de milieux moins favorisés. Faut-il s'en étonner? Ils sont aussi moins susceptibles d'être en surpoids.

Les jeunes élevés par deux parents, même en garde partagée, ainsi que ceux dont au moins un des parents a fait des études collégiales ou universitaires, sont aussi plus susceptibles d'avoir une meilleure alimentation, et sont moins portés sur le tabac, l'alcool ou les drogues.

Comme on le voit, le milieu socio-économique a une influence déterminante sur les comportements - un phénomène bien connu en santé publique. Si l'on veut que les tendances s'améliorent d'ici la prochaine enquête, il faut en tenir compte.

Inutile de gaspiller des millions dans de grandes campagnes de sensibilisation impersonnelles. Il faut aider les jeunes qui en ont le plus besoin.

Si l'on veut vraiment augmenter la pratique de l'activité physique, par exemple, mieux vaut ajouter des équipements sportifs dans les quartiers défavorisés que d'offrir des crédits d'impôt aux parents qui inscrivent déjà leurs enfants à des activités - une promesse du PQ calquée sur une mesure du gouvernement Harper.

L'enquête montre aussi que les garçons de 4e et 5e secondaire sont plus actifs que ceux de 1e secondaire, alors que c'est l'inverse chez les filles. Une approche «unisexe taille unique», encore là, serait un coup d'épée dans l'eau.

Si l'on s'intéresse vraiment à la santé des ados, il faut aussi savoir apprécier les progrès. Le tabagisme, par exemple, recule depuis plus de dix ans. La consommation d'alcool et de drogue, elle, a diminué durant la première moitié de la décennie et s'est stabilisée.

Et, surtout, il faut se rappeler que modifier ses habitudes de vie, peu importe à quel âge, n'est jamais facile.

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