À une semaine des élections, la CAQ n'arrive toujours pas à démontrer comment chaque citoyen pourrait être pris en charge par un médecin de famille d'ici un an.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) compte près de 8000 membres. Des omnipraticiens, pas des médecins de famille qui consacrent tout leur temps à recevoir des patients dans une clinique. Certains, en fait, ne font pas ça du tout. Ils pratiquent à l'urgence ou ailleurs dans les hôpitaux, travaillent en santé publique, dans l'administration, etc..

Et ceux qui reçoivent des patients dans leur bureau ne le font pas tous à temps plein. Plusieurs travaillent ailleurs dans le réseau, par choix ou par obligation (les fameuses AMP). Certains pratiquent à temps partiel. D'autres sont en congé de maternité ou en sabbatique. Ce qui nous laisse, au final, l'équivalent de 4200 médecins de famille à temps plein qui font de la prise en charge, calcule la FMOQ.

On est loin des quelque 8000 médecins de famille pour 8 millions d'habitants dont parlait François Legault en entrevue éditoriale à La Presse hier matin.

Par contre, les quelque deux millions de Québécois sans médecin de famille sont bien réels. Et on ne voit vraiment pas comment ils pourront tous être pris en charge dans l'année à venir.

Personne n'est contre la vertu et la CAQ, comme les autres partis, croit beaucoup à l'organisation en GMF, qui permet de maximiser le nombre de patients inscrit auprès de chaque médecin. Mais aucun ministre de la Santé ne pourra ouvrir assez de nouveaux GMF d'ici 12 mois pour absorber toute la clientèle orpheline.

Il faudrait donc convaincre beaucoup de docteurs d'accepter davantage de patients. La nouvelle entente entrée en vigueur ce printemps comporte déjà des incitatifs financiers à le faire. On pourrait toujours les bonifier - la CAQ promet des centaines de millions aux médecins de famille. Mais rien ne dit que ça donnerait de meilleurs résultats. Entre les médecins qui considèrent ne pas pouvoir caser un patient de plus et ceux qui, pour toutes sortes de raison, ne veulent pas travailler davantage, ça fait beaucoup de monde qui ne mordront pas à cette carotte-là.

Reste le bâton. Les médecins qui ne font que du «sans rendez-vous» (donc qui ne font pas de prise en charge de patients) pourraient avoir un recul dans leur rémunération, a indiqué François Legault hier.

Diminuer des revenus de médecins? Quand on rêve, comme la CAQ, d'en découdre avec les enseignants, les commissaires scolaires et les syndiqués d'Hydro-Québec, ça a peut-être l'air d'une formalité. Mais penser pouvoir concrétiser cette menace rapidement - assez pour forcer des omnis faisant exclusivement du sans rendez-vous à se métamorphoser, dans l'année, en véritables médecins de famille? Ce n'est pas sérieux.

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