L'appétit dévorant des consommateurs canadiens pour le crédit s'essouffle. Une tendance qui aura de nombreux effets, notamment sur la consommation, la croissance et les banques.

On n'est pas encore rendu au désendettement, mais plusieurs signes montrent que l'enthousiasme faiblit.

L'endettement non hypothécaire, par exemple, augmente beaucoup moins rapidement. D'avril à juin, il a progressé de 3,1% par rapport à la même période l'an dernier - la plus faible hausse depuis la funeste année 2008, montrent les données d'Equifax Canada. Et la majeure partie de cette croissance ne provient pas de nouveaux comptes, mais de facilités de crédit existantes, souligne l'agence.

De plus, le solde des cartes de crédit, qui a commencé à fondre à la fin de 2010, continue à diminuer, tout comme les faillites et les défauts de paiement sérieux.

Ce ralentissement de la croissance se manifeste aussi de l'ensemble du crédit aux ménages, qui inclut la dette hypothécaire, signalait la Banque du Canada un peu plus tôt ce mois-ci.

Si les consommateurs ont si bien soutenu l'économie canadienne depuis le choc de 2008, c'est en grande partie grâce au crédit. Leur réticence à s'endetter davantage aura évidemment un impact sur leurs achats.

La Banque du Canada a d'ailleurs revu ses prévisions à la baisse quant à l'apport de la consommation dans la croissance du PIB. On l'a vu cette semaine dans le secteur du détail. Malgré une timide croissance en mai, les ventes n'ont à peu près pas bougé depuis novembre dernier.

Les meilleurs canaris dans la mine seront toutefois les grandes banques canadiennes. Les prêts aux particuliers représentent une part importante de leurs revenus. Si les clients se mettent à bouder le crédit, ça se verra dans leurs résultats financiers. Rien de dramatique pour l'instant: l'agence de notation Fitch, par exemple, s'attend à une croissance des profits modérée d'ici la fin de 2012. Mais compte tenu de leur niveau d'endettement et des mauvaises nouvelles économiques qui les bombardent de partout, les consommateurs ont davantage envie de rembourser leurs dettes que d'en contracter d'autres.

Cependant, il leur reste un bon bout de chemin à faire. L'endettement des ménages continue de battre des records: il représente maintenant 154,3% de leur revenu disponible. Et pas seulement à cause des prix des maisons. Les soldes impayés sur le financement automobile non bancaire ont bondi de plus de 8% au dernier trimestre.

Par ailleurs, 40% des acheteurs de véhicules neufs les financent sur 6 ans ou davantage - six fois plus qu'il y a cinq ans, indique la firme JD Power. Ça limite les paiements mensuels, mais de plus en plus de propriétaires vont se retrouver avec des autos valant moins que le prêt qu'il leur reste à rembourser.

Bref, l'étoile du crédit commence à peine à pâlir. Pour que les consommateurs la trouvent vraiment moins attirante, il faudra sans doute attendre que les taux d'intérêt se mettent à remonter.

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